Maridan-Gyres

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Atelier 12 - Sujets 3 et 4

 

 

Atelier N° 12 — Sujet n° 3 — Logo-rallye

 

 

Itin-errance

 

Émilie était animée d’un profond désespoir depuis que ses parents l’avaient mise face à l’ambiguïté de ses choix : reprendre un établissement hôtelier prestigieux en tant que gérante et travailler quasiment 24 h/24 h la majeure partie de l’année, sans avoir de temps pour soi, ou partir voyager à l’étranger de longs mois, sac au dos, sans certitude du lendemain, mais en ayant tout le temps de réfléchir à l’avenir. Vouloir le meilleur n’est pas toujours facile. Comme le dit l’adage : « On sait ce qu’on laisse, mais on ne sait pas ce que l’on va trouver en échange ».

 

Il faut dire aussi que ses parents lui mettaient la pression. Après de brillantes études qu’ils avaient généreusement financées — ils ne manquaient jamais une occasion de le lui rappeler — son devoir à elle était de leur faire honneur en affichant un poste à faire pâlir toutes les fanas de cabines à UV du Spa Tonic du centre-ville ! Oui mais voilà ! Après tant d’années de sacrifices, à rechercher la perfection dans ses études, ses activités extra-professionnelles et même dans ses relations, elle était arrivée à un tel état d’épuisement qu’elle estimait nécessaire de prendre du recul sur sa vie et sur ses désirs. Ce voyage en Amérique du Sud, seul, sac au dos, serait sa source de lumière, son chemin d’itinérance (itin-errance) pour aller à la rencontre d’elle-même.

 

Elle était parfaitement consciente qu’au-delà d’une aventure individuelle vers un inconnu tout à la fois mystérieux et attirant, elle devrait mener une lutte intense avec elle-même afin de trouver force et courage d’affronter le regard désapprobateur et culpabilisant de ses parents. Pourquoi toujours planifier ses actes en fonction du regard des autres, notamment de ses proches ? Quel risque y avait-il à assumer ses propres choix ?

 

Elle nourrissait le secret espoir que son voyage au long cours lui permettrait de sonder son âme et son cœur afin de faire un choix de vie qui lui ressemble et qui ne soit surtout pas celui de quelqu’un d’autre.

 

C’était donc décidé. Elle partirait, non sans assurer ses parents de son profond attachement. Partir pour mieux revenir était son idée forte, son itinéraire de vie et de construction personnelle.

 

Qui au monde pouvait lui reprocher de rêver le meilleur pour elle-même ?

 

© Ouvrez les Guillemets 63 – 17.05.19

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Atelier N° 12 — Sujet n° 4 — Pensées d’un animal pour son maître

 

M

Miaouh, miaouh ! Moi chat de gouttière compagnon de ta vie

O

Où que je me trouve depuis toutes ces années loin de toi

I

Il n’est nul moment où je ne me remémore pas notre duo.

 

 

P

Petite fille, à neuf ans, tu m’as ouvert ta maison et tes bras

I

Installant pour moi litière, petit dodo moelleux, espace dinette

L

Loin de ma maman chatte et de mes frères et sœurs boules de poils

O

On aurait pu croire que j’allais m’enfermer dans une profonde tristesse

U

Usant d’amères perles de larmes mes jours et mes nuits solitaires

 

 

L

Loin de me laisser abattre, j’ai décidé de t’aimer, petite fille au cœur d’or

E

Entre nous, ce fut une affection sans limites, un lien indéfectible

 

 

C

Chaque jour passé ensemble était rythmé de jeux, de balades et de ronrons

H

Hiver comme été, toujours ensemble, comme les deux doigts d’une même patte

A

Alors que ma quinzième année de vie se profilait, je suis parti, si fatigué

T

Tu m’as accompagné jusqu’au bout, m’offrant dans ton cœur un espace pour l’éternité

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 © Ouvrez les Guillemets 63 – 17.05.19

 

 

 

 

 



28/05/2019
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