Maridan-Gyres

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Atelier 13 - 2020 - sujets 1, 2, 5

 

1er sujet = Ronde des mots : Gâterie animale !

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La petite chienne rentrait d’une longue promenade, elle avait gambadé à loisir, heureuse de vivre, de respirer  en  totale liberté dans cette nature sauvage.

Sa maîtresse avait quitté sa tenue de sport pour se rhabiller en tenue d’intérieur. C’était le signe d’une entrée dans la cuisine

Le petit corps à 4 pattes s’était immobilisé juste devant la porte de ce sanctuaire pour renifler comme à son habitude les odeurs alléchantes qui sortiraient  des casseroles.

Avant toute chose, sa maîtresse sortit du tiroir  un grand couteau bien affûté pour  trancher du jambon.

Il était facile de deviner l’intention de l’animal qui ne quittait pas des yeux les mains de sa maîtresse, espérant que quelques bribes de cette charcuterie savoureuse tombent au sol.

En effet, quelques morceaux un peu persillés et gras atterrirent dans sa gamelle avec une caresse sur son museau gourmand avant que le jambon ne soit replié dans son torchon et pendu à son clou avec un gros élastique.

Elle revint les yeux suppliants dans l’espoir d’une autre gâterie mais seul son repas de croquettes lui fut servi avec un grand bol d’eau en compagnie de Mademoiselle Mimine… demain serait un autre jour ! Patience…

 

2éme sujet – Logo rallye : « Absence »

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Crois-tu qu’au jour de  sa naissance

Refleurissait notre hortensia ?

Des abeilles dans le magnolia

Juillet riait de mille danses.

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Je touche parfois les doux pétales

Et mes doigts sucrés je respire

Crois-tu que dans mon souvenir

Je hume encore sa peau d’opale ?

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Je la revois remplir sa poche

Micas noirs et cailloux argent

En cet automne flamboyant

Elle arpentait sentes et roches,

 

M’échappent parfois sa silhouette

Ses petits pieds menus et roides

Qui flottaient dans les eaux si froides

Au bas d’un arbre, le cœur en miette.

 

Quand elle est tombée du rocher

Crois-tu que j’ai lavé son sang

Affreux témoin de cet instant

Sur son cahier de fleurs séchées ?

 

En ce soir lourd de canicule

Où plus rien ne semble vivant

Ne plus entendre ce mot « maman »

Est l’annonce de mon crépuscule.

 

Crois-tu qu’au jour de sa naissance

Refleurissait notre hortensia ?

Des abeilles dans le magnolia

Juillet riait de mille danses.

 

Sujet 5 :

 

J’avance, seul face à l’inconnu, sans peur mais plein de remords.

Je suis fébrile. Obligé de faire face. J’ai tant voulu ce moment : rencontrer celui auquel j’ai fait tant de mal.

J’ai d’abord cherché à enfouir au fond de moi mon affreux méfait par lâcheté, par peur de me confronter à ce que j’avais dévasté, aux vies que j’avais démolies.

 

Je n’ai aucune excuse. Je suis un nuisible qui va essayer non de se racheter mais peut-être d’accepter de regarder sa tronche de repenti dans la glace à moins qu’on ne la lui fasse sauter.

 

Il y a quelques semaines, j’ai renversé ce gamin à vélo sur cette petite voie tortueuse. Un soir de brouillard, de trop de fatigue, de pas assez ou de mauvais réflexes.

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Un soir noir où la vie bascule et fait d’un commun mortel le quasi assassin d’un enfant devenu pantin comateux, d’un père un automate, une souffrance ambulante.

 

J’ai d’abord fui, esquivé, menti à tous, trahi les miens, puis après trois jours et trois nuits cauchemardesques je me suis rendu à la police. J’attends mon procès et je m’en fous. Son issue m’indiffère, contre l’avis de tous, j’ai pris un avocat d’office.

Seul m’importe de rencontrer le père de l’enfant. Je l’ai retrouvé après quelques recherches clandestines en recoupant des informations. J’ai localisé sa maison. Il vit seul. J’ai mis un message dans sa boite aux lettres.

Il m’a violemment répondu, un refus catégorique dans un message téléphoné, puis, sans que je sache pourquoi, il m’a rappelé me disant qu’il viendrait uniquement pour me faire la peau et il a choisi le lieu de RDV.

J’ai accepté. J’ai besoin non de son pardon mais de retrouver une once de dignité, plonger mes yeux dans les siens, qu’il voit mes remords sur la croix que je porte dans le regard. Après, je le veux bien comme bourreau. Je suis anéanti.

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Me voilà donc dans cette zone désolée, désertée de cette ville enfumée, asphyxiée, aux odeurs d’asphalte surchauffé et d’ordures mal ramassées. Je suis tout près de l’ancienne bâtisse délabrée de l’usine de textile. Je marche vers la torche qu’il tient. Il est 1 heure du matin environ.

S’il veut m’abattre, je suis prêt.

                                                       

J’approche à pas lents, les leds éblouissants me font plisser les yeux. Je ne vois pas son visage, juste sa silhouette dans la pénombre. Il dirige sa torche vers le sol et dans le halo lumineux  j’aperçois un revolver.

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Il me fait signe de le prendre. Je fais encore quelques pas. Je me baisse, je prends l’arme. La retourner contre moi...

                                                     

Il remonte dans sa voiture et s’en va en faisant crisser les pneus.

Je suis seul. Je ne me suis jamais servi d’un revolver. Je tremble, je crève de trouille, je me jette au sol, je m’allonge face contre terre et je sanglote. Il m’a condamné à porter ma croix jusqu’à la fin de mes jours…

 

Clohe 



03/08/2020
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