Maridan-Gyres

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Atelier 15 - 2019 - Sujets 3 et 5

Sujet 3 -  Ronde des mots

Antarctique, Autisme, Chevillée, Dégradation, Profil, Emblématique, Crucial, Réseau, Classification, Esprit.

 

« Et s’il ne reste que l’Amour…»

albatros.jpg

L’enfant fixe les albatros à sourcils noirs de l’antarctique  sur l’écran de la télévision.

 

Elle est silencieuse et son pied tape contre un montant de son parc. Ça peut durer longtemps.

Sa mère l’a installée là. Epuisée, après des heures de cris et d’agitation. Inconsolable l’enfant. Les câlins n’ont servi à rien.

 

Angoisse… ce mot « autisme » est terrifiant. Que son enfant puisse en avoir le profil la ravage. Handicap, déficience, elle aurait voulu être sourde quand elle a entendu le diagnostic froid et sans appel du médecin.

Coupable, elle s’est déclarée « coupable... La honte chevillée au cœur. Elle n’a pas été capable de donner la « normalité » à sa fille, de la protéger,  pourquoi ? Elle est punie de quoi ? Le père a quitté le navire. Trop de remous…

 

De plus elle sent la dégradation de son propre état s’accélérer…la fatigue, le manque de sommeil, la perte de patience, et sa solitude face à ce quotidien lourd de craintes, de contraintes, d’incertitudes.

 

Elle regarde la colombe emblématique du mobile qui pend du plafond. Décidément son vœu restera pieu…aucune paix à aucun moment. Pourtant elle a tant d’amour, ça aurait dû suffire.

Dieu n’existe pas.

« Ils » lui disent qu’il est crucial de ne pas baisser les bras, ceux qui ne font que passer. Facile ! La souffrance de l’enfant elle la prend en pleine face, elle la respire,  elle en est pétrie, impuissante à la soulager, désespérément démunie.

 

Son réseau amical s’est démantelé. Certains préfèrent fuir, d’autres jettent un conseil.

Chacun y va de sa classification, de son avis d’ignorant moralisateur et infertile.

 Où est l’esprit de la main tendue ? Le bon cœur s’est défilé,  depuis longtemps elle serre ses doigts sur une chimère. Son cœur lourd bat dans ses tempes. Il lui reste son amour imputrescible. C’est déjà ça. L’enfant le sait. 

 

Claudine

 

Sujet 5 - Le Chêne et le Banc –leur plus beau souvenir  :

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Le chêne  :

J’ai les branches lourdes aujourd’hui…ce vent me fatigue à agiter mes bras en tous sens et mes feuilles sèches tombent sur toi…tu te rappelles la fois où la grosse branche s’est cassée et a fendu ton dossier  ?

 

Le Banc  :

Ah oui !! Et les employés municipaux venaient juste de me relooker avec un beau dossier en bois bordeaux et un siège à rayures…heureusement c’était juste après le passage des deux petits vieux…ils étaient resté deux heures au moins main dans la main à se raconter leur jeunesse et leur amour de toujours ! C’était beau non ?

 

Le chêne  :

OUI, c’était beau… je revois leurs doigts un peu noueux entrecroisés, il faisait chaud et mon ombre balayait le grand chapeau de la petite mémé, elle portait une robe fleurie comme une jeune fille et ses yeux myosotis pétillaient à chaque fois qu’elle regardait le pépé et qu’il la faisait rire.

 

Le Banc  :

Ils étaient si légers tous les deux, je les sentais à peine, ils occupaient la moitié de la place, serrés prés l’un de l’autre. Ils avaient rangé leurs cannes sous mon siège comme pour les oublier. Ils avaient un air espiègle !

 

Le chêne    :

Je les entends encore chantonner « l’hymne à l’amour » et le pépé tout habillé de gris perlé l’avais prise par les épaules et lui faisait des bisous dans le cou, et elle lui disait « tu me chatouilles, grand chenapan, ce n’est plus de mon âge » mais elle ne se sauvait pas !

 

Le Banc  :

Oh non, elle ne se sauvait pas, bien au contraire, elle le tenait bien fort par le bras et son cœur battait la breloque, je les ressens les vibrations moi… celles de l’amour comme celles de la colère, de la tristesse etc. les gens n’imaginent pas comme ils me livrent leurs secrets  assis là !

 

Le chêne  :

Et moi donc ! Les respirations montent vers moi et mon feuillage les aspire et reconnait celles du bonheur et celles du malheur et elles imprègnent mes racines…personne ne sait ça, pas même ceux qui étudient les arbres…mais cette fois-là, un petit nuage rose venait caresser mon tronc, envelopper mes feuilles…c’était délicieux.

 

Le Banc  :

Je me souviens que tu balançais tes branchettes comme une danse au-dessus d’eux et les oiseaux sifflotaient en cadence, c’était charmant…et moi j’espérais que personne d’autre ne viendrait s’asseoir…ils me faisaient rêver ces deux-là et je voulais les garder jalousement jusqu’à la nuit tombée.

 

Le chêne  :

Moi aussi, j’aurais aimé les protéger jusqu’au soir… et puis ils se sont levés pour aller au café en face, nous les avons regardés s’éloigner appuyés sur leurs cannes mais d’un pas décidé et leurs rires traversaient la place. Peut-être qu'ils sont toujours vivants et un jour nous les reverrons.

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Le Banc  :

Toi et moi sommes un peu éternels, eux moins, mais qui sait…en tous cas c’est un souvenir poétique et si joyeux…leurs traces restent même si personne ne les voit.

 

Le chêne  :

Si poétique et si joyeux…comme tu dis, mon bois a gardé leur odeur de lavande et je suis seul à la percevoir, ils ont laissé un peu de leurs cœurs juste pour nous. 

 

Claudine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



26/06/2019
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