Maridan-Gyres

MONOLOGUE D’UNE STATUE DU JARDIN PUBLIC

Moi, le fier chevalier monté sur son destrier trônant au milieu du parc, j’avais belle allure lorsque mon créateur venait de terminer son œuvre il y a cent ans. J'étais resplendissant dans mon armure argentée étincelante au soleil ainsi que mon cheval joliment caparaçonné.

Il s’était donné un mal fou afin de réaliser sa création : tous les jours, des dizaines de personnes venaient me voir, des couples se faisaient prendre en photo devant moi, j’étais photographié sous tous les angles et j’ai même eu ma photo dans un journal local dans lequel on vantait le chef d’œuvre de mon sculpteur.

Le temps a passé, me voici à présent servant de perchoir pour oiseaux sans gêne qui me souillent un peu plus chaque jour de leurs excréments.

Moi, le fier chevalier, je ne suis plus qu’une statue rouillée recouverte de saleté. Les gens ne font plus attention à moi.

Je ne suis plus que l’ombre de moi-même, je pense aux bons moments du passé où j’avais fière allure et j’étais la fierté du jardin public.

Romantini