Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 16 - 2023 - Sujet 1

a16s1.png

Il était une fois, dans les contrées lointaines, au fin fond du Berry, dans une étrange maison perdue au fond d’une forêt, une très vilaine  sorcière berrichonne qui vivait accompagnée d’un chat lépreux aux yeux rouges  et jetait d’horribles sorts aux gars des villages alentours.

La sorcellerie tient une place de choix dans  plupart des ouvrages de contes et légendes de cette région riche en histoires insolites.

Dans sa cuisine des fioles aux contenus bizarres garnissaient ses étagères et dans sa cheminée un brasier gigantesque léchait le ventre dodu d’un gros chaudron de cuivre rouge où réchauffait un liquide blanc et crémeux, sous l’œil inquisiteur de son chat roux…

Elle avait repéré un gars très à son goût et voulait l’attirer dans ses filets.

Pour ce faire elle voulait devenir belle et cherchait le moyen d’y parvenir. Avec des certitudes inébranlables, elle conservait dans des cruches de terre cuite datant de la nuit des temps, du lait d’ânesse, interdit au breuvage du félin,  mais destiné à remplir sa baignoire pour obtenir un  teint diaphane et avoir une  peau satinée.  

Contrairement à ses exercices maléfiques habituels elle se résolut à rechercher la formule extraordinaire afin de retrouver  le pouvoir d’attirer son prince charmant, l’homme de sa vie, beau, superbe, musclé et immortel.

Elle chercha, chercha, puis remit enfin la main sur l’indispensable manuel de la sorcière.

Evidemment son vieux grimoire étant abîmé, elle l’avait fait tomber dans son chaudron,  elle ne put  en lire la recette adéquate!

De colère, rageuse,  elle se mit à trépigner son vieux bouquin précieux mais lamentable, faisant vibrer le sol de la bicoque  qui se déroba sous ses pieds la projetant dans un sous-sol sombre et habité de bestioles maléfiques. Elle sentit ses pouvoirs s’envoler, et se retrouva au pied d’un vieux chêne aux branches torturées, entourée d’araignées, de fourmis, de lézards et autre sympathiques bébêtes.

Pour elle point de prince charmant, l’homme de vie s’était à jamais volatilisé, ayant évité les sorts maléfiques, il avait convolé en justes noces avec une jeune et belle éleveuse d’ânes du Berry.

Et c’est ainsi qu’on voit parfois dans les forêts profondes du  Centre de la France, une pauvresse effarée, la mine fripée et les cheveux  gras,  suivie d’un chat pelé, qui court on ne sait après quoi ni après qui d’ailleurs. Derrière leurs haies protectrices, les ânesses du Berry nourrissant leurs ânons se sentent vengées car leur lait doux et savoureux est maintenant destiné à leurs bébés, et non plus à bichonner les vilaines sorcières.

 

Shunt.2023.11.03



20/11/2023
13 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 483 autres membres