Atelier 17 - 2024 - Sujet 4
Déjà le soleil est parti illuminer l’autre face de la planète, et la lune mystérieuse dans sa forme de croissant me fait l’œil par-dessus les toits.
Dans la chaleur de ma couette, mes membres endoloris retrouvent peu à peu douceur et bien être.
Je chasse avec peine mes soucis journaliers, aspirant au fond de moi à un repos salutaire.
Morphée prend son travail très à cœur et m’entraîne loin, loin, dans un sommeil profond.
Je dors à poings fermés.
Auréolée de brume, ses cheveux bruns sans un fil blanc, glissés derrière ses oreilles, ses yeux noirs pleins de tendresse, dans son visage mat que la vie n’a pas eu le temps de rider, elle s’approche de moi et pose sur mon front sa main glacée.
Ah te voilà Bébé, (c’est ainsi qu’elle m’appelait) dit-elle, d’une voix feutrée dont le son s’est effacé de ma mémoire.
Je te retrouve enfin, je voulais m’assurer que ton bonheur était assuré sur cette terre où nous ne faisons que passer.
Non, tes soucis ne sont que des mailles échappées du long ouvrage que la vie tricote pour nous.
Mais tu es habile et tu sauras remédier à çà.
Tes réussites sont des points délicats, réalisés à force de persévérance, de courage et d’abnégation, ils font briller tes yeux et réjouissent ton cœur.
Tu es venue au monde par le plus grand des hasards et je n’ai su t’éclairer sur tes origines.
Là est ma grande détresse.
Je ne pensais pas que cette plaie aurait tant de mal à cicatriser.
Pardonne-moi.
J’ai renoncé à l’amour, abandonné tout espoir de vie personnelle, rien possédé, à part toi, pour que tu aies un épanouissement équilibré, un toit pour t’abriter, une fratrie avec laquelle partager.
En fait nous n’avons partagé que si peu de temps !
Ensuite tu es partie étudier loin de moi, puis travailler, impossible de faire autrement.
Tu as été le soleil de ma courte vie.
Aujourd’hui, tu as construit ta vie, même si c’est sur des fondations fragiles, je le conçois, tu as su faire ce que j’aurais aimé construire pour toi.
Un mari aimant, des enfants adorables… et tout ce qui va avec : soucis, succès, inquiétudes…
Bébé, cinquante ans sont passés, et je sais que tu penses souvent à moi.
Nos douleurs sont toujours aussi violentes.
Toi, tu ne quittes jamais mon cœur détruit.
Vis ta vie avec empathie, profites des bons moments, contournes ceux qui sont plus durs en trouvant des solutions, et aimes la vie, comme je t’aime…
Sa main est chaude maintenant, ses yeux se voilent et ne me voient plus, ses joues brillent sous le ruissellement de ses larmes.
Doucement la brume qui auréolait sa tête efface complètement la vision de maman.
Je me réveille.
Mon oreiller est noyé.
Mes larmes ou les siennes ?
Je ne saurai jamais.
Là haut le soleil est revenu.
Peut être est-ce la lune qui l’a invitée à revenir vite sur ma vie en peine ?
Alors, la journée s’annonce belle.
SHUNT 2024.11.11.
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