Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 18 - 2022 - sujet 2

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Catherine et moi nous étions trouvés sur une application de rencontre pour coureurs, nous étions deux grands timides, mais nous avions fini par échanger aux cours de nos sorties sportives et on s’entendait plutôt bien. Je découvrais chez elle beaucoup de qualités : L’humour, la gentillesse, la ponctualité et j’adorais à présent passer du temps avec elle, discuter, la faire rire. J’avais quelque chose d’espiègle malgré ma timidité, ce qui ne déplaisait pas à la gent féminine, Catherine, sur ce point, ne faisait pas exception.

C’est sans surprise qu’elle arrivait sur le parking pile a l’heure et prête au départ. On s’est salués et on a pris le temps de s’imprégner de ce qu’offre la forêt, un rituel de calme et de méditation avant le départ. Une joyeuse cacophonie de mésanges, de rouges gorges et d’étourneaux nous incitait cependant à commencer notre dynamique escapade.

C’est le départ, un petit trot pour démarrer et sentir le contact de la terre sous les pieds, de la flexion du genou et du souffle qui s’aligne et alimente le corps en oxygène comme le bois de la locomotive, le tout s’intégrant dans une harmonie de mouvement, Catherine y arrive plus rapidement, pas de secrets elle est plus assidue que moi. Néanmoins, je reste capable de trouver mon rythme et au bout de quelques minutes je me sens comme un funambule partagé entre deux abysses celui ou je m’arrête de courir et celui ou j’accélère jusqu’à cracher mes poumons, mais l’idéal c’est de maintenir l’allure de rester régulier et d’apprendre à ressentir chaque foulée, c’est un moment ou Catherine et moi ne parlons pas, on préfère écouter la forêt.

C’est a ce moment-là que j’ai remarqué un reflet opalescent quelques mètres plus loin, a droite du sentier, Catherine l’a remarquée également, je lui propose une petite accélération jusqu’à cette lueur afin de satisfaire notre curiosité, elle me colle, mais mes années d’athlétisme finissent par payer et j’arrive avant elle.

On reprend tous les 2 notre souffle lors de cette éphémère pause et je décide telle une corneille attirée par tout ce qui scintille de chercher l’origine de cette lueur. En m’écartant du sentier je tombe sur une clairière tapissée de fougères montant jusqu’aux genoux et je le vois.

 

Un homme est étendu par terre, sa poitrine pleine de tâches sanguinolentes en partie bues par sa chemise, ses lunettes de soleil ont grossièrement glissées de son visage, m’apportant l’explication de la lueur, seule phare d’existence qui permettait a cette pauvre âme d’être découverte. La pâleur de son visage suffit à me convaincre qu’il ne marchera plus parmi les vivants, je me tourne vers Catherine qui s’approche et lui intime de ne pas faire un pas de plus pour lui épargner la vision d’un cadavre et je lui demande de plutôt appeler les secours. Cette vision m’a longtemps hanté et j’ai mis du temps avant de rechausser mes baskets de course mais je sais aujourd’hui que seul le funambule finit par arriver au bout de la ligne, car il a su éviter de jeter un œil hors du sentier qui lui est imposé...

 

Arthur



26/11/2022
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