Maridan-Gyres

Demain j’irai…ou le vent me portera.

Demain, à la fin du jour nimbé d’une douce lumière rose

J’irai par les chemins de sable écouter le vent gémir.

J’escaladerai la dune mouvante espérant qu’une soudaine ondée enfin ne l’arrose,

Tant les oyats séchés écorcheront mes mollets en cheminant à ta rencontre cher Nadir.

J’aimerai la caresse d’un doux zéphir en contemplant l’hirondelle qui plonge et replonge.

Infatigable elle reprendra son envol et se posera à nouveau sur un fragile roseau,

Si belle et vulnérable dans son harmonieux ballet qu’il me semble déjà la voir en songe.

Demain, sans me retourner, je partirai légère dans le sillage aérien de ce bel oiseau.

Je marcherai encore, allègrement, infatigable devinant ton visage si tendre

Et le souvenir de la fraîche oasis d’où s’échappait un air enchanté.

Il me rappellera les temps heureux et bénis où l’on pouvait entendre

Ce sublime poème lyrique, lointain et suranné que tu as si longtemps chanté.

Nos soirées sans fin sur la plage, animées du seul vol des grues couronnées,

Pour toujours peupleront mes nuits. Ensemble nous écoutions gémir

Le vent du désert. De cette époque irréelle me restent ces fleurs fanées,

Dont les pétales épandues, chaque jour me rappellent ton amour cher Nadir.

Riches de nos différences, sans batailler, nous avons succombé sous tant de charmes.

Immense sera mon chagrin en posant mes genoux, courbée sur ce tombeau.

Malgré ma douleur, jamais aucun regret ne m’a effleurée. Ce torrent de larmes

Que je verserai à la brune, m’apparaitra comme une sublimation féerique du beau.

Beau et sans faille fut notre amour et s’éternisera en tendres rêveries.

Couchée sur la pierre blanche je te murmurerai : écoutes le vent le vent gémir,

Entends les hirondelles trisser non loin des villas colorées et fleuries,

Accueilles le chant du soir fêtant la fin du jour, cher Amour, cher Nadir.

KIKA.