Atelier 6 -2019 - sujets 1 et 2
Sujet 1 - présentation des deux personnages
Anny-Layne et Skima
Dans un monde imaginaire issu de la Fantasy, une jeune fille et une salamandre voient leurs destins s’unir pour affronter les forces du mal.
Je vous présente tout d’abord Anny-Layne, jeune fille de 15 ans aux longs cheveux blonds ondulés tombant en cascade dans son dos. Elle les noue quelquefois haut en une queue de cheval retenue par un ruban de velours. Elle n’aime rien tant que sentir le souffle du vent dans sa nuque lors de ses longues promenades en forêt de Touthe.
De sa maman Mélisandre elle a hérité de grands yeux mordorés effilés en amande. Elle n’en a pas encore conscience, mais ces yeux ont le pouvoir de rendre heureux quiconque la côtoie. Elle enveloppe en effet les rencontres éphémères pacifistes, ses amis et ses proches de toute sa tendresse et de toute sa bienveillance juste en posant le regard sur eux. Elle peut aussi allumer un brasier incandescent dans ses prunelles d’or pour foudroyer sur place des ennemis du bien.
Si Anny-Layne est élevée par un maître-enchanteur chargé de lui enseigner les « 3 R », en français lecture, écriture, calcul, ainsi que l’art de la magie et des sortilèges, elle ne dédaigne pas les activités physiques qui ont su lui sculpter une silhouette longiligne et musclée. Elle court, virevolte, saute par-dessus les ruisseaux, grimpe dans les arbres jusqu’à la canopée, escalade les roches à main nue sans retenue. Jeune fille douce et gracile taillée dans un tempérament de garçon manqué.
Elle apprécie le contact avec ses semblables avec une nette préférence pour les adultes, car, avide d’apprendre sur le monde dans lequel elle vit et les contrées avoisinantes, elle pense que leurs connaissances et leur expérience peuvent lui permettre de gagner du temps et de se construire une vision fiable de ce qui l’entoure. Sociable et curieuse donc. Solitaire et rêveuse également. Dans sa chambre située dans le donjon du Château de l’Entre-Deux Terres, elle laisse ses pensées s’évader par la fenêtre, se poser sur une aile de papillon ou de passereau ou monter plus haut sur le bout cotonneux d’un nuage. À quoi peut-elle donc songer ? Ou plutôt à qui ? Car comme toute jouvencelle elle imagine qu’un beau prince charmant vit non loin de là et lui est destinée. Serait-il sensible à sa voix d’ange, d’une pureté infinie, lorsqu’elle entonne des chants venus du tréfonds de son âme ?
Anny-Layne se sent en complète osmose avec la nature et les êtres qui la peuplent, leur apportant une protection attentive et désintéressée. Un jour, lors de l’une de ses escapades pédagogiques avec le maître-enchanteur chargé de son éducation, elle rencontre une petite salamandre. Celle-ci est allongée sur le flanc en bord de rivière, elle semble dormir.
Anny-Layne s’avance à pas légers et approche tout doucement la main. Le petit amphibien doit sentir une présence, car elle — c’est une femelle — ouvre de grandes billes noires toutes étonnées et semble dévisager cette jeune fille penchée au-dessus d’elle. Anny-Layne lui donne aussitôt le prénom de Skima. La petite salamandre tachetée de jaune et de noir ne doit pas mesurer plus de vingt centimètres et a une petite queue conique. Ce qui est étonnant, c’est sa peau luisante d’aspect huileux. Son odorat lui indique que la jeune fille n’est pas une ennemie alors elle accepte son invitation à grimper dans sa main. Ouh là là que ce petit animal est donc léger ! Pas plus de quarante grammes c’est sûr !
Si Anny-Layne l’a trouvée au bord de la rivière, c’est qu’elle doit aimer les zones humides. La forêt quant à elle lui assure une protection de hêtres, de chênes et de charmes. Soudain, la petite bête saute sur le sol et semble vouloir prendre le contrôle des événements. Elle se met à avancer lentement et de manière très gracieuse malgré son petit ventre replet. Elle se retourne pour voir si elle est suivie et émet des grognements légers et de petits piaulements. « Suivez-moi » semble-t-elle dire. L’adolescente se dit que ce n’est pas un hasard si elles se sont rencontrées. La salamandre n’est-elle pas connue pour être dotée de pouvoirs, comme celui d’attiser le feu comme de l’arrêter, vainquant ainsi les forces du mal ? Elle représente aussi la chasteté et l’indestructibilité.
Très vite, une intense complicité se noue entre ces deux êtres que le hasard a mis en présence. Elles s’inventent même un langage pour deviser de longs moments à l’abri des oreilles indiscrètes. Ce que ne sait pas encore Anny-Layne, c’est la particularité toute personnelle que détient la petite Skima pour se métamorphoser en la géante Skima-Iganth Cœur de Feu. Le texte suivant l’aidera à percer le mystère… et vous aussi !
© Ouvrez les Guillemets 63 – 08.03.19
Sujet n°2 – Histoire
Liste de mots :
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Survivance dans l’Entre-Deux Terres
Le Château de l’Entre-Deux Terres du monde de Popraysia est en danger. Des envahisseurs du Monde des Ténèbres s’apprêtent à l’assiéger avec pour dessein de prendre le contrôle des territoires alentours. Dans ce monde imaginaire issu de la Fantasy, une jeune fille Anny-Layne et une salamandre Skima doivent unir leurs destins pour affronter ces forces du mal. Mais comment une petite femelle amphibien de 20 cm de long et pesant à peine 40 g pourrait-elle venir à bout d’une armée de mille hommes ? Une nuit de pleine lune, elle se met alors à créquérer d’une manière tellement énergique et convaincante pour lui exposer son plan que la jeune fille n’a aucun doute sur sa capacité de métamorphose et de prise de pouvoir sur l’ennemi.
À l’heure où Aurore aux doigts de rose descend sur la Terre pour l’inonder de couleurs pastel, les deux amies se rendent en Forêt de Touthe, tellement bisquémale que la parcourir chaque jour et par toutes les saisons imprime des images toujours différentes et magiques. Elles s’arrêtent dans une zone dégagée où seule de l’herbe midollifiante[1] recouvre le sol autour d’un espace de terre meuble. C’est en cet endroit précisément que de l’une de ses pattes, elle trace un cercle puis ouvre grand la bouche. Un jet de flamme en jaillit, qu’elle oriente vers la forme circulaire. Le pourtour s’embrase instantanément. La créature noire et jaune saute dans le cercle et tourne sur elle-même sans discontinuer, comme si elle voulait attraper sa propre queue. Elle ne s’arrête que lorsque la dernière flammèche s’éteint. Une sorte de miroir à double face apparaît entre elle et Anny-Layne et cette dernière peut y voir l’image de la salamandre métamorphosée en un énorme et cossé dragon, Skima Iganth Cœur de Feu.
Au même moment, la horde de combattants sanguinaires arrive devant le pont d’entrée du Château. Elle se prépare à encercler la forteresse et à mener l’assaut. À l’avant-poste sont avancées deux balistes gigantesques. Au second rang, les hommes s’équipent de fléaux d’armes et de boucliers lanternes. Bardiches et guisarmes forment les rangées suivantes. Lorsque le signal de l’attaque est donné, un grondement sourd envahit l’espace et la terre se met à trembler. Et alors que le Château devrait sombrer sous la violence de l’offensive ennemie, il disparaît subitement dans un éclair de fumée comme s’il s’agissait d’un mirage. Une exhaleffluve[2] envahit l’atmosphère, tellement ramiscile et insupportable que les guerriers doivent se boucher le nez. Elle est aussitôt suivie d’une pluie fine de brédinifaires[3] qui attaque les visages en des dizaines d’estafilades douloureuses. Les assaillants n’ont d’autre alternative que de courir vers la Rivière de Draguinomble réputée apaisante pour s’en espergationner[4] le visage.
L’auteur de cet acte de sorcellerie n’est autre que le dragon Skima Iganth Cœur de Feu. Planant au-dessus du régiment déjà bien amoindri, le talentueux géant ailé se met à souffler un air brûlant dans leur direction tandis qu’une flottille de drakanaïdes[5] les arrose copieusement de coumilis et de boules de nidasifflores[6]. Le dragon poursuit son travail de sape en hurlant un cri lugubre tonitruant et continu ce qui a pour effet immédiat d’amener les envahisseurs à une espèce de suffocation spasmolyrique[7] incontrôlable. La fin est proche. Les hommes portent les mains à leurs visages, ceux-ci sont devenus rêches comme l’écorce des arbres. Skima Iganth Cœur de Feu assène le coup de grâce en un gravitatonnerre[8] propulsé par chacune de ses vingt-quatre griffes. Le reste de la troupe se trouve propulsé à cent toises de là, dans la vaste Prairie de Champivin. Le regard d’acier du dragon transforme chacun des hommes en statue de pierre pour l’éternité. Une forme de plénitude se répand sur la prairie ou plutôt d’émodroliscence[9], pour la paix retrouvée mais aussi pour les sacrifices endurés.
© Ouvrez les Guillemets 63 – 10.03.19
[1] Midollifiant : Adj. Recouvert d’herbe rase et drue
[2] Exhaleffluve : Nom féminin. Odeur extrêmement désagréable
[3] Brédinifaire : Nom féminin. Copeau de bois et de quartz de forme fine et pointue, obtenu par une formule de sorcellerie
[4] Espergationner : Verbe du 1er groupe. S’asperger à grande eau
[5] Drakanaïde : Nom neutre. Désigne des êtres hybrides issus du mélange de genres. Ici : mélange du peuple branchu, de leurs hôtes animalis et des Invisibles
[6] Nidasifflore : Amalgame d’épines de prunelier et d’aubépine enrobé de bave de crapaud et de fil d’araignée
[7] Spasmolyrique : Adj. Se dit de spasmes de le respiration accompagnés de port de voix mi-chanté mi-hurlé
[8] Gravitatonnerre : Nom masculin. Orage puissant déclenché par la seule volonté d’un être féérique
[9] Émodroliscence : Nom féminin. Sentiment mêlé de tristesse et de joie
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