Maridan-Gyres

« Quand la peur  déshumanise »          

Madame Trouillarde veut garder l’anonymat mais comment écrire une lettre à sa voisine Aide-Soignante, laquelle,  vu l’événement catastrophique du coronavirus doit se rendre au travail…mais ne prend-elle que des risques limités  ? Mme Trouillarde se demande s’il n’y aurait pas une contamination possible par le palier  ?

Elle ne cesse d’observer les allées et venues de sa voisine qui de plus promène son chien dans le quartier  !

Madame Trouillarde voudrait  joindre une autorité compétente pour poser la question mais il faudrait qu’elle se dévoile… Finalement, elle décide, certaine de faire une action judicieuse et dictée par une lucidité qui manque a beaucoup, de mettre une affichette sur la porte de la soignante  signée  : un « collectif confiné ». Elle attend  la nuit.

Pour ne pas se faire remarquer, elle prend un bougeoir et n’allume pas la lumière du palier, elle met des gants jetables  et va coller à toute vitesse son papier.

On peut lire : même s’il est admis que vous deviez travailler, vous pourriez  songer à habiter plus loin pour ne pas nous mettre en danger.

Quand la soignante rentre chez elle, elle n’en croit pas ses yeux car elle respecte minutieusement toutes les consignes d’hygiène, les gestes barrière,  sans compter qu’elle enchaîne sans rechigner les nuits sans sommeil au service des malades…

Elle prend une photo et alerte immédiatement les réseaux sociaux et autres structures susceptibles de la soutenir.

Le fait est diffusé dans la presse mais Madame Trouillarde n’est pas inquiétée et n’a même pas l’ombre d’un regret.

Claudine.

Histoire librement inspirée d’un fait divers récent à Toulouse.

https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/en-larmes-la-mere-d-une-infirmiere-raconte-le-rejet-que-subit-sa-fille-a-cause-de-son-metier-et-de-la-peur-du-virus-1233879.html