Maridan-Gyres

Je les regarde avec affection, attendant un ordre qui ne vient pas. Ma maitresse se prélasse en cette douce journée d’automne. Elle a été rejointe par un groupe d’amis. Aucun d’eux ne fait attention à moi. Ils sont absorbés dans leur conversation. J’hésite. Mon instinct me pousse à courir. J’aperçois au loin les moutons du voisin. Leur bêlement sonne à mes oreilles comme un appel. Si seulement j’osais ! Une petite course rapide. Mais elle ne sera pas contente, je le sais, alors je reste tranquille. Je ne jappe même pas devant les chevaux qui viennent d’apparaitre. Si après ça, je n’ai pas le droit à une caresse et une bonne cuisse de sanglier… Ah, ça y est, top départ, on y va !

— Viens, oui tu es un bon chien Max !

2- l’atelier de la rue de Furstenberg de Bazille

Le poêle rougeoyait en crachant des braises. Unique élément de vie dans cette pièce abandonnée. Chaque meuble semblait porter en lui la disparition, soudaine, imprévisible. Le fauteuil gardait encore la trace d’une présence. Légèrement affaissé, il semblait orphelin, perdu au milieu de la pièce, désœuvré. La malle de l’artiste ne pouvait pas le rassurer. Elle se trouvait en état de choc, béante, éparpillée sur le sol. Depuis combien de temps attendait-elle son propriétaire ? Quelques secondes ou une éternité ? Les crépitements du feu semblaient narguer sa lassitude. Ils diffusaient dans la pièce une chaleur trompeuse, seule vestige d’un moment béni. Celui où l’inspiration donnait vie à l’artiste mais cet instant avait disparu, englouti dans les affres de l’ennui.

3- Pierre Soulages - 1919 rouge et noir

Noir sanglant

Irradie le néant

Chaque mouvement

Infime ou

Grandiloquent

Entraine l’âme

Dans une ronde

Infernale

Ivresse de sens

Rouge palpitant

Egrène l’absence

De l’ironie du temps

Noir absolu

Chante l’étrangeté

D’une finitude

Un brin lâcheté

La servitude

N’est pas innée

Seul le mystère

Peut la dompter

Alex 17/03/2015