Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier du 24/03/2015

1°) les freins à l’écriture

 

Quels freins à mon écriture ? Le premier et sans aucun doute possible le plus important, c’est le temps. Non pas, que je manque de temps, non ! Ce serait plutôt que je n’y consacre pas le temps nécessaire. Chaque jour qui démarre est plein de vide, de néant et ce, depuis que je suis malade. Au début, je peignais, puis j’ai utilisé mes nuits pour créer des bijoux, puis ce furent les collages, donc le temps n’est pas ce qui m’a manqué.

 

Or depuis quelque temps, je constate que le temps a raccourci, terriblement raccourci.

 

Chaque soir, j’ai le sentiment de n’avoir rien fait, c’est fou, non ! Alors qu’il me suffirait de dire aujourd’hui, je prends ma plume et je pose des mots sur un cahier, mais cela reviendrait à dire aussi, je ne réponds plus au téléphone, je ne regarde plus la lucarne grise qui nous désinforme chaque jour. Donc, je n’ai qu’une raison à mon manque de productivité… Mon manque de concentration et pire que tout mon manque d’engagement envers cette occupation qui pourtant masque toutes mes autres pensées.

 

Car mon esprit, lui, ne chôme pas et des idées ce n’est pas ce qui lui manque.

 

2°) Quel écrivain aimerais-je être ?

 

En fait, je n’y ai jamais vraiment réfléchi. J’écris avant tout pour moi-même, car j’adore lire. Du coup, je me raconte une histoire, telle que j’aurais aimé la lire. Puis, je la soumets à des amis dignes de confiance, autour de moi et commence alors, la valse lente des corrections, mais doit-on corriger une œuvre qui est naît spontanément ?

 

Moi, si je devais choisir, j’aimerais être un auteur célèbre pour ces écrits, mais totalement inconnu du grand public, car vivre sous la lumière me terrifierait. J’ai tout le cinéma autour des auteurs en horreur. Signer une dédicace, oui pourquoi pas ! Mais caché derrière de grosses lunettes noires, une perruque et un maquillage ostentatoire.

 

En fait, être une auteure reconnue serait un privilège, mais sans le cirque qui accompagne la notoriété. Être l’auteure qui ose dire tout haut ce que d’autres n’osent pas, par peur de l’establishment. Bref, je rêverais de savoir manier la langue comme une œuvre d’art, où chaque mot posé à sa juste place toucherait en plein cœur le lecteur. Ainsi, un dépressif n’aurait plus envie de mourir, un politique rêverait de redevenir honnête, un malfrat deviendrait un défenseur de la veuve et de l’opprimé.

 

Oui, là ce serait vraiment comme une mission divine, écrire des mots qui déclenchent des actes citoyens, un peu comme cet enfant qui en faisant une bonne action demandait à celui qui l’avait reçu d’en faire une autre à son tour. J’aimerais que l’écriture, mon écriture devienne un ciment qui relie tous les hommes afin de ne plus jamais assister à l’horreur que j’ai vue ce dimanche à Villeneuve les Maguelone, un front national qui prend presque 50% des voix de gens qui ont tout pour être heureux, mais ce plaigne de problèmes qu’ils n’ont pas.

 

Oui, voilà l’écrivain que j’aimerais être, celui des grandes causes et des grands bouleversements, mais c’est une utopie.

 

 


 

 

 

Le regard semble tourné vers le ciel. Sur son visage buriné, la vie a laissé ses traces. Un filet de morve coule de sa narine gauche, mais il ne semble même pas s’en apercevoir. Il est calme, froid, indifférent à ce qui l’entoure. Il vit dans un monde que les autres ne perçoivent pas. La rigueur du climat de ce soir de décembre ne le touche guère. Pas même une écharpe autour de son cou décharné. Quels chemins de dérives a-t-il empruntés pour arriver ici, sur ce trottoir glacial où il a posé son sac, son carton et son chien ?

 

Son regard semble attendre une réponse divine qui ne viendra sûrement pas, mais c’est peut-être moi qui ai posé ce questionnement dans son regard perdu vers le firmament. Depuis combien de temps est-il ainsi figé ? Je l’ignore, mais tandis que je m’interroge sur son sort, lui navigue en ses propres pensées.

 

Il se souvient de l’enfant qu’il était. L’enfance bénie des Dieux. Sottises que tout cela ! Son enfance à lui n’a été que ruines et désolation. Sa mère face à son père brutal, alcoolique. Sa pauvre mère sans cesse possédée par un trouble qu’il apprend très vite à reconnaître et même à  anticiper, dès que l’ordure passe la porte.

 

Son agitation à lui, à travers ses mains prises de mouvements saccadés. Sa mère le pousse, le cache dans l’armoire, où il a appris à ne pas faire de bruit tandis qu’elle hurle sous la violence des coups portés.

 

Le bouleversement, face à cette mère étendue sur le sol, les policiers qui ont mis deux jours à le retrouver en état de choc, prostré dans la penderie où elle avait pris l’habitude de le cacher à son père. Son désarroi, face à cette femme policière qui lui avait parlé gentiment, comme seule sa mère savait le faire quand pris de tremblements, il s’effondrait dans ses bras blancs bleuis par les traces de coups du sauvage. Ses sentiments, ils avaient appris à les dissimuler pour ne pas la trahir.

 

-          Tu ne dois jamais dire à personne ce qui se passe à la maison, sinon, ton père nous tuera.

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Alors il n’avait jamais rien dit, et elle était morte quand même. Pendant des mois, il n’avait plus ouvert la bouche. Les psychiatres en avaient déduit qu’il était autiste. Pauvres fous !

 

Mais comment raconter l’innommable, comment parler de la violence à l’état pur, de la terreur à seulement oser respirer. Tout cela il l’avait enterré avec sa mère, il n’avait plus jamais parlé, avançant à  travers les foyers, à travers les familles comme un zombie. Se battant avec rage et fureur dès qu’on essayait d’abuser de lui, ou d’être violent avec lui. Il avait grandi en semant la terreur autour de lui.

 

Il avait pris le parti de ne plus jamais avoir peur. Et effectivement, il avait banni ce sentiment. L’enfant qu’il aurait pu être était mort avec sa mère, il était devenu un survivant à l’âge de sept ans. L’école, il l’avait eue en horreur. Les femmes, ils les avaient fuis, car partout il entendait que les enfants victimes deviennent des bourreaux. Il ne le voulait pas, alors il avait banni tous les battements de son cœur, enseveli tous ses rêves d’enfant et aujourd’hui, il était enfin parvenu à la fin de son voyage

 

Il était sans illusion face à ce monde hostile où la violence était maîtresse de tout, pas d’issue possible pour les êtres normaux. Seuls vainqueurs de ce système, la colère, la rage, la haine. Il voyait tout cela fleurir en même temps que les drapeaux du FN. Lui, il s’en moquait. Il n’avait jamais voté,  jamais vécu dans un appartement. À 18 ans, il s’était retrouvé dans la rue. Depuis, il errait traversant les campagnes, mangeant ce qu’il trouvait dans les champs, les poubelles. Il était un survivant. Il n’avait pas d’aspirations, pas de rêve. Il attendait juste que vienne son heure. Était-ce cela qu’il demandait d’un regard limpide au ciel muet ?

Nul ne le saurait jamais. Moi, j’avais passé mon chemin, ayant l’impression funeste d’abandonner un être sans défense sans vraiment savoir quoi faire d’autre.

 

 

3°) Le conte – animal : vipère – l’ami : géant – ennemi : licorne – lieu : la forêt – le héros : un enfant – quête : pierre de lune

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Dans la forêt de Sainte-Fortunade vit encore de nos jours, tout un monde magique. Ainsi d’aucuns racontent que les soirs de pleine lune, on peut y voir la licorne noire, l’amie du malin et nombreux sont ceux à n’être pas revenus d’une rencontre avec elle.

 

Mais Dieu merci, il y a aussi, outre les fées, les farfadets, les trolls et les lutins, un bien gentil géant que d’autres appellent un ogre et qui porte le doux nom d’Ogribar.

 

Dans le conte que je vais vous raconter, une jeune enfant appelée Liséa s’était perdue en poursuivant son joli lapin coquin qui s’était enfui.

 

 

Elle connaissait parfaitement ces bois et pas un instant elle n’aurait cru possible de s’y perdre. Et pourtant, alors qu’elle courrait derrière Jeannot lapin, elle croisa la route de la licorne noire. Celle-ci prit sa voix la plus douce et lui demanda si elle avait besoin d’aide.

 

-          Oh oui ! Je cours après mon petit lapin blanc, mais se coquin se cache à chaque fois qu’il me voit. C’est sûr avec toi, j’irai plus vite.

 

Jeannot qui s’amusait beaucoup eut soudain très peur pour elle. Si sa jeune maîtresse montait sur la licorne, elle allait disparaître. Alors il sortit du bois, mais trop tard, Liséa avait grimpé sur le dos de la licorne et Jeannot entendit juste ses cris, tandis que l’odieuse licorne s’envolait avec son précieux trophée.

 

-          Mais arrête-toi, il est là, je te dis ! criait-elle désespérée.

 

La licorne hurlait de rire. Et l’enfant fut soudain terrorisée. Elle était pieds et poings liés sur l’affreuse créature. Arrivée près d’une tour sinistre, la licorne stoppa et fit descendre Liséa.

 

-          Où sommes-nous ?

-          Que t’importe ! Désormais, tu seras à mon service, prépare-moi donc ma litière, il y a du foin dans la cave, dépêche-toi, ici il n’y a pas de fainéante. Sinon, je te donnerai à manger aux loups.

 

Ce soir-là, la petite Liséa dut dormir à même le sol sur un tas de paille. Elle pleura longtemps, implorant le ciel de lui venir en aide. Mais rien ne se passa.

 

Heureusement Jeannot lapin était un fieffé coquin, mais il aimait tendrement sa jeune maîtresse, il s’en alla voir le géant Ogribar qui était aussi l’ami des fées.

 

-          Oh hé ! Ogribar viens vite, j’ai besoin de ton aide.

-          Que t’arrive-t-il mon petit Jeannot ? Je suis très content de te voir !

-          Désolé Ogribar, mais il faut que tu m’aides à sauver Liséa, la licorne s’est enfuie avec elle, et tu connais le sort des enfants perdus, dans deux jours, lors de la pleine lune, elle la mangera.

-          Allons ne t’en fais pas. Allons voir mon amie la fée du bois joli, elle nous donnera le moyen de la sauver.

 

Et c’est ainsi que les deux comparses partent ensemble voir les fées. Arrivés près de chez elles, Ogribar remarque un curieux troll qui n’a vraiment rien à faire là.

 

-          Que veux-tu l’affreux ? Tu prépares un mauvais coup ?

-          Non mon ami, j’ai besoin des fées, mon ami Ricoric a été enlevé par la licorne, il y a deux jours, nous avons tout essayé pour le délivrer sans succès et cette nuit, elle risque de le manger. Tu connais la légende !

-          Oui, allez ne t’en fais pas, reste avec nous, nous allons, nous aussi, rencontrer la fée du bois joli.

 

Les fées aiment la tranquillité aussi lorsqu’elles entendent toutes ces voix qui discutent elles arrivent en bataillon serré.

 

-          Bonjour Ogribar que nous vaut le plaisir de ta visite ?

-          Je viens pour aider mon ami Jeannot et ce petit troll qui a, lui aussi, perdu un ami à cause de la licorne. Peux-tu nous aider à les délivrer ?

-          Oui, bien sûr. Mais auparavant, il faudrait que tu ailles voir le grand chêne et que tu lui demandes la pierre de lune. C’est celle qui permet de passer la porte du monde obscur, sans elle pas de passage possible. Dépêche-toi et reviens vite.

 

Aussitôt dit aussitôt fait. Jeannot lapin part ventre à terre voir le grand chêne qui devant l’air effrayé de son petit ami lui remet la pierre.

 

-          Surtout, Jeannot ne la perd pas et ramène la moi dès que tu auras récupéré ton amie.

-          Promis !

 

Jeannot de retour au bois joli donne la pierre à la fée.

 

Soudain, celle-ci s’élève au-dessus de leur tête et elle danse une farandole accompagnée de toutes ses sœurs les fées. Quand elles tournent à toute vitesse, elle jette la pierre en l’air et devant les yeux médusés d’Orgribar et Jeannot, la tour de la forêt noire apparait. Prenant sa lourde masse Ogribar défonce la porte en hurlant :

 

-          Liséa vient à moi, Jeannot est près de moi.

 

L’enfant ayant entendu ce cri est descendu en vitesse du sommet de la tour où elle guettait dans l’espoir d’être délivrée. Elle n’espérait pas que les secours viennent du monde magique. Arrivée au pied de la tour, Ogribar la prend dans ses bras et Jeannot lapin ramasse la pierre de lune.

 

Pendant ce temps, le troll a récupéré son ami près du feu. La licorne en cruelle maîtresse lui avait demandé d’allumer le brasier sur lequel il devait rôtir. Très en colère, les deux trolls préparent un piège près du brasier qu’ils dissimulent sous des branches et des feuilles mortes. Une fois le piège terminé, ils se joignent à la petite troupe pour rentrer chez eux.

 

La fée referme la porte et les voilà qui arrivent tous ensemble au bois joli. Inutile de vous dire que les fées sont heureuses de les voir tous revenir sains et saufs.

 

Jeannot demande à la fée l’autorisation de s’absenter, car il a promis au vieux chêne de lui rendre sa pierre.

 

-          Laisse-la-moi et amuse-toi, je vais la lui rendre moi-même, car ce soir, nous aurons sûrement quelque chose de bon à récupérer là-bas.

 

Tandis que la fée s’éloigne, nos amis, les trolls et les fées entament une danse très animée au son des flutes des lutins qui se sont joints à la fête. La nuit est tombée lorsque soudain un hurlement effroyable retentit. Les trolls satisfaits se frottent les mains.

 

Telle est prise qui croyait prendre.

 

La fée du bois jolie est de retour et avec le vieux chêne qui a donné quelques-unes de ses branches mortes pour alimenter le feu qui va servir à cuire l’affreuse licorne.

 

Liséa a retenu de cette mésaventure que l’union fait la force, sans les trolls, il n’est pas dit que l’histoire se serait aussi bien finie.



24/03/2015
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