Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier du 8/09/2015

1°) Assonances et allitérations

L'amant

 

Si souvent, j’ai eu envie

De m’envoler avec le vent

Voguant au firmament

Sur les ailes de l’ange aimant

 

Vantant la grâce des tourments.

Soulevant mon âme bien souvent

Grâce au sourire d’un enfant

Au regard bienveillant

 

Lentement, en musardant,

Dansant sur les mots moi l’amant

J’ai souvent eu le sentiment d’être le survivant

D’un amour hors du temps.

 

Puis vint l’instant bienfaisant

Du repos des vaillants

En pleurant mes serments

Je me suis endormi pour longtemps.

 

2) Ronde de sons à thématique : Thème : la honte et le son O pour démarrer. I, On, Te, che

 La honte

Oh, le saligaud. J’va casser mon marteau sur son chapeau et lui mettre le nez dans un seau bien crado. Puis je ferai couler l’eau sur son dos, et la Mado versera le sirop bien chaud sur sa peau de collabo. Car la honte lui fait bobo à c’te pauvre Mado.

 

Hi, Hi ; hi, la Marie, a choisi de lui cuire le zizi à ce ouisititi. Bien fait pour lui, le pas joli a pas fini de souffrir. Lili ça la réjoui et la voilà qui rit, elle en a fait pipi.

 

On va longer le pont et faire une chanson pour ce polisson bien marron. Joue plus les fanfarons ce frippon. On tond les Nippons à Alençon. On pond des punitions qui font mal au mauvais garçons.

 

Te dirai bien que ton teckel te tète trop la tétine, t’es une tite nénette pas fufute.

 

Cha, cha m’fais chier ! Cha ché chur ! Ché pas fachile de checheté après che que ché écrit. Che disais donc que che chalaud avait fini chéché sur cha chaise. Cha copine Chantal chercha elle chauchi à che venger, car che chenapan, avec chon chat et chon chien choisirent de croquer le chalauds qui l’avait moqué. Ch’est la fin de chette histoire chans queue ni tête..

 

3) La description

Mes sœurs et moi sommes parties ce matin pour ramasser le blé. Nous sommes si fatiguées. Une fois de plus j’ai enfilé ma chemise blanche et ma robe de serge bleu pétrole, une fois de plus j’ai noué mon fichu jaune sur mes cheveux pour les protéger de la poussière et me protéger du chaud. J’ai le dos et les reins brisés par la fatigue. Nous n’arrêtons pas de nous baisser toute la journée, nouant avec ardeur nos bottes de blé. Puis nous traversons le champ jusqu’à la charrette. Cela m’épuise, et mes sœurs, si jeunes déjà esclaves, elles aussi ?

 

Plus nous remplissons nos sacs de lin noué à notre taille et plus notre dos, déjà douloureux proteste. Il reste quelques jours à peine avant les pluies d’automne et nos hommes ne viennent pas nous aider. Le maître les a assignés à protéger les bottes.

 

Cela irait pourtant bien plus vite avec l’ardeur de leurs bras. Non ! Tandis que nous nous échinons à la tâche, jusqu’à la tombée du jour, ils boivent et rentrent fin saouls pour nous demander de les nourrir. Je suis si lasse. Je suis la seule à être mariée et je donnerais cher pour ne pas l’être. Comme si le travail de la ferme ne suffisait pas à mon malheur, il me faut aussi supporter les ardeurs de cet être aviné, que j’avais promis d’aimer.

 

Au loin le maître nous observe planté sur son cheval. De quoi a-t-il peur ? Que nous lui volions quelques épis… Il n’est pas bon à notre époque de ne pas posséder sa terre.

 

 

Un peu plus loin, la charrette se remplit de toutes les bottes déposées par les femmes.

 

Je n’en peux plus ! Déjà soixante ans que je porte mes fardeaux. Année après année on me charge, on me malmène. Le dimanche je balade la famille à l’église, les voilà tout endimanchés. Les hommes arborent la jolie vareuse bleue et la chemise blanche. Les femmes sortent les robes du dimanche et les enfants sont beaux comme des sous neufs. À l’église le curé leur promet les foudres s’ils n’obéissent pas à leur maître et seigneur. On se demande qui le prêtre défend. Dieu ou le Propriétaire, car lorsque je les entends rentrer de l’église, ils se demandent parfois à quoi tout cela sert-il ? Dieu existe-t-il vraiment ? Et moi, pauvre vieille charrette, je me dis que je jour où le fermier n’arrivera plus à me rafistoler, ils me mettront au feu sans le moindre regret. Pourtant j’en ai vu des générations de fermiers monter sur mon chargement, quand mes amis les bœufs épuisés par de telles charges croulaient sous la fatigue. Fermier, et maître copains comme cochons les fouettaient jusqu’à l’usure. Alors moi, c’est certain, je finirai au feu. À mon avis c’est pour dans peu de temps, car je n’en peux plus de ces chargements qui me dégueulent au-dessus de la tête. Je suis si lasse.

 

Et puis, je sens que mes articulations sont au bout du rouleau, bientôt elles lâcheront, et il n’y aura plus de salut possible.

 

Un peu plus loin les hommes s’activent à couvrir les hauts tas de blés coupés.

 

Ma pauvre femme ! Je la vois courbée par la fatigue, chaque soir en rentrant, elle pense que je suis saoul, mais comment lui dire la haine qui me broie le cœur ? Je bois pour ne plus y penser. Elle ne comprendrait pas, me dirait qu’il faut bien nourrir ses deux sœurs et mes parents et que si le maître nous renvoie, nous n’aurons plus rien à nous mettre sous la dent.

 

Je rêve d’avoir des enfants, mais comment les plonger dans ce monde de misère ? Je suis là, en plein cagnard à tendre ces maudites bâches sur ses bottes de blé qui menacent de pourrir si jamais la pluie vient trop tôt. Alors on bâche, on tire de part et d’autre avec les amis. Compagnons de misère et au loin le contremaitre nous engueule avec lui on ne va jamais assez vite. J’ai beau savoir que le maître le bouscule lui aussi, mais il y met du cœur à l’ouvrage cet animal. Il n’est pas bon être paysan de nos jours.

 

Du haut des bottes on voit loin, les femmes courbées sur le sol taillent encore et encore sans relâche, nouant les bottes, les posant dans leur fichu noué à la taille. Dès que le fichu est plein, elles nous les portent et nous les entassons les unes sur les autres. Le crépuscule n’est pas loin et les bottes sont bien hautes. Je vois la campagne tout autour, j’aimerais bien me libérer, courir à perdre haleine vers les bois que je devine au loin, mais le maître lâcherait ses chiens et les laisserait me dévorer. La prairie s’est teinte d’or avec le soleil qui descend. Le ciel se pare de tons chauds et tout nous invite au repos, mais l’autre sur son cheval veille au grain. Il nous laisserait bien nous tuer à la tâche. Il est sans pitié pour nous, pauvres hères ! Je voudrais tant partir vers un monde meilleur, mais je n’en ai pas le courage, alors je bois pour oublier, que je ne suis rien. Rien qu’un misérable qui ne manquera à personne, pas même à celle que j’avais promis de chérir et de protéger.

 

Allez encore un petit effort, la nuit est tombée, le maître nous renvoie. Avec les camarades nous allons aller, une fois de plus, refaire le monde à la taverne. Les femmes resteront une heure de plus, le temps pour elle de remplir la charrette que nous viderons demain matin, à l’embauche. C’est vraiment une misère d’être sans terre.

 

Assis sur son cheval, le maître est satisfait les bottes ont toutes été couvertes.

 

Cette année encore, la récolte est belle. Au cours où est le blé, ma trésorerie va encore s’améliorer. Il faut que je songe à changer de régisseur et tandis que j’y suis, je vais aussi me débarrasser de quelques-uns de mes fermiers. Ils sont devenus un peu trop gras depuis qu’ils travaillent pour moi. Ce n’est pas bon signe. Ils doivent surement me voler. De toute manière, s’ils ne me volent pas, ils braconnent. Sinon, pourquoi sont-ils si gras ? Ah, les coquins, je ne me laisserai pas dépouiller si facilement.

 

Tiens celui-là qui observe le ciel ! N’a-t-il rien de mieux à faire ? J’en ai assez de ces fainéants. Je suis trop bon avec eux. Ma douce Lucie a raison, ils ne comprennent que la baguette. Tiens, je vais réduire la part que je leur laisse. S’ils sont si gras, c’est qu’ils mangent trop. 

 

 

4) ronde de mots : absurde – « t’as de beaux yeux, tu sais ? » - écraser – crasse – coït - « Quoi ma gueule qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? » - écrire – silence - « Tu choisis pas le lapin que tu tires ! » - papillon

 

Lutter contre l’absurde c’était devenu son crédo. Vivre de rien, ne penser à rien, aller où bon lui semble, sans contraintes, sans obligation. Savourer avec passion chaque jour nouveau. Bref le décalage total entre ce qu’elle voulait et ce que son père lui imposait. Elle voulait être libre et elle se retrouvait en prison où un gardien un peu zinzin lui lâcha un « t’as de beaux yeux tu sais » comme si sa formule magique allait lui ouvrir les portes de son cœur.

 

Bien sûr, il n’en fut rien. Et tandis qu’elle méditait sur le décalage entre sa volonté et la réalité des choses un moustique tigre tenta de la piquer. Elle en avait sa claque de ces petits nuisibles et c’est avec une jouissance délicieuse qu’elle écrasa cette cochonnerie contre le mur de sa cellule.

 

En fin de matinée, l’avocat commis d’office vint lui rendre visite. « Alors ma p’tite dame, on fait du tourisme ? »

 

Super ! Elle était tombée sur un intellectuel. Lorsqu’il lui demanda à quoi elle aspirait, elle se fit un plaisir de lui répondre qu’elle aimerait dormir dans une cellule moins sale. Car la crasse qui régnait en ce lieu était innommable.

 

« Faus pas faire la fière ma belle quand on est dans ta situation ! »

« Et puis quoi encore, je suis en prison pour de mauvaises raisons, vous ne pensez tout de même pas que je vais me taire à cause de cela ! Et puis soyez assez aimable pour me vouvoyer, nous n’avons pas gardé les cochons ensemble»

« Tu devrais être gentille avec moi »

 

Non, mais c’était un cauchemar, cet abruti imaginait peut-être vivre le coït de rêve dans ses bras ivre de joie à l’idée de serrer ce mollusque gras du bide.

 

D’une voix doucereuse qui aurait dû l’alarmer, elle lui répondit la chose suivante :

 

« Quoi ma gueule qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »

 

Devant l’air ahuri de l’avocat, elle me mit à rire aux larmes. Elle crut qu’il allait la frapper. Avant que l’envie ne le prenne, elle lui demanda un téléphone et en riant, elle ajouta que c’était une chanson de Johnny Halliday et qu’elle avait eu envie de se détendre suite à ses réflexions stupides. Cela ne le rendit pas plus joyeux. Il alla lui chercher le téléphone. Malheureusement son père était sorti et c’est avec un méchant sourire qu’il le lui annonça..

 

« Vous pouvez peut-être lui écrire », me proposa-t-il à contrecœur. »

« Non ! Merci. Je préfère l’avoir au téléphone. »

 

Furieux de ne pas obtenir sa participation au scénario qu’il avait préparé pour elle, il demanda au gardien de lui ouvrir et sortit en la menaçant.

 

« Vous allez le regretter ! »

 

Bon vent la paille au cul et le feu dedans, aurait dit sa mère, mais là, elle était seule, enfermée avec ses idées noires et dans le silence de la prison qui s’était vidée, elle se mit à songer que suivre ses impulsions n’est pas toujours une bonne idée. À peine cette idée avait-elle jailli en elle, qu’une voix s’éleva derrière la porte.

 

« Tu choisis pas le lapin que tu tires ! »

 

Nom de Dieu cet abruti était revenu. Elle vit tout de suite qu’il avait dû boire un coup. Elle et sa manie de se foutre de la gueule de tout le monde ! Elle était à la merci d’un psychopathe. Elle en étais à se demander à quelle sauce, elle allait être mangée quand le téléphone sonna.

 

« Monsieur le procureur, bonsoir ! Oui, c’est une prisonnière, Mademoiselle Adénaz qui a tenté de vous joindre. Oui, je vais voir. »

 

Elle entendit l’avocat et le flic qui avait répondu au téléphone s’entretenir en chuchotant derrière la porte. Visiblement l’avocat voulait que le flic réponde qu’elle était partie cet après-midi. Un sentiment de terreur s’empara alors d’elle. Elle se vit dans la peau d’un papillon prêt à se faire attraper et clouer sur une planche de bois. Sans plus réfléchir, elle se mit à hurler avec frénésie, jusqu’à s’en faire péter les cordes vocales.

 

Elle vit alors, l’avocat, le flic et son père, eh oui ! Son père, Monsieur le Procureur, passer la porte hilares et très heureux de lui avoir fichu la peur de sa vie.

 

Honteuse, mais soulagée, elle se promit de mieux préparer sa prochaine excursion hors du giron paternel.

 

Maridan 8/9/15



09/09/2015
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