L'atelier du 26/05/2015
Lecture anagrammique
Le canot prêté par Dane court sur son erre et s'échoue sur un écueil. Dean, son beau dabe[1] aussitôt le laisse en rade au fond de l'aber de Bran.
En effet, sans lui laisser le temps de sauter à terre, il se précipite dare-dare à l'assaut du col qui surplombe la vallée de l'Arne. Là, par l'ancienne route du nard, voie de transit de cette herbe rare, il se rend à Reda el Arab chercher du secours auprès de Brad son ami de toujours.
Les yeux fatigués par la luminosité de l'écran de la tablette, il cesse sa lecture, clique sur « pose ». Aussitôt, apparaît l'icône « read ».
Erba Renard
Fermez les yeux et imaginez un chemin
Depuis le parking, il s'amorce entre un bosquet et le champ expérimental de l'INRA. En un court instant, on est au bord d'un ru. On le suit vers l'aval, jusqu'à sa confluence avec un fleuve côtier. La rive est ombragée, la ripisylve bien entretenue. La terre de la sente toujours plus ou moins humide laisse remonter ses odeurs d'humus. Je me sens bien. Ma balade hebdomadaire.
Après le petit passage en corniche, il débouche sur une peisse[2]. Tiens, le propriétaire du moulin a sorti son citronnier planté dans cette immense potiche de faïence. Impossible pour un homme seul de la déplacer. Je la laisse à ma gauche pour suivre le sentier qui descend à droite suivant les divagations méandreuses du fleuve. Un objet brille dans l'herbe du bas côté. Une clé de voiture. Volkswagen. Son propriétaire doit être bien embêté. Que faire ? Je la ramasse. Je l’emmènerai jusqu'au parking et là, j'aviserai.
Pour l'instant « i a pas degun »[3] sur mon sentier, j'espère croiser cette personne ...voilà que ma randonnée se transforme en quête ! Les sinuosités de la sente et la forte densité d'arbres ne me permettent pas de distinguer s'il y a quelqu'un plus avant.
Réflexion faite, n'ayant encore croisé personne, le propriétaire de la clé est donc en aval de moi. Excepté si elle a été perdue hier.
Au sortir du petit défilé, le fleuve s'élargit ; ses rives prennent un aspect lacustre avec des eaux peu profondes, turquoise, stagnantes. À s'y baigner.
Cela n'est pas possible aujourd'hui, le lieu est devenu centre d'extraction de graviers. Hier encore ce chantier n'existait pas. Les mâchoires de la machine troublent les eaux dont la turbidité se nourrit des turquoises de l'amont.
Je poursuis vers l'aval. Sur ma droite, le mur du parc zoologique. Je le longe. Inévitablement, comme à chaque passage, je grogne contre cet obstacle qui nuit à la continuité de ces deux immenses espaces verts urbains. Je finis par rebrousser chemin jusques au pilote de l'excavatrice. À grand renfort de signes, j'arrive à lui faire comprendre d'arrêter e de venir à moi. C'est sa clé.
[1]Dabe père en argot
[2]Peisse : en languedocien, petit barrage submersible permettant des amenées d'eaux au moulin
La jeune prostituée Gracieuse aime la joie
Toujours souriante, fine de taille et de traits, Malika arpente le macadam de la nationale, tantôt tournée vers l'Afrique, tantôt vers la France. Elle chaloupe doucement. Gracieuse l'ont baptisée ses copines de misère.
Elle aime ce pseudo tout en beauté, tout en douceur, beaucoup moins tranchant que son cas, son -ka de malheur.
Gracieuse, c'est ce qu'il lui fallait pour vendre de la grande secousse. Fille de joie, elle assure la joie au sein de sa famille restée en Afrique.
Elle garde au fond de ses yeux noirs, l'eau de toutes les sources de joie où elle a bu.
D'origine italienne
Parasol. Hamac. L'été. Le cœur d'un bosquet de verdure. Un bouquin ouvert sur le bide, il somnole. Vacances au Vert. En congé de sa belle-mère ! A deux pas d'un petit vignoble au vin sans prétentions ….. c'est son oasis campingnarde. Pas besoin d'être sous les tropiques, ni de se laisser aller dans du beau mobilier de jardin pour son contentement. Juste la douceur de ces langues de chat que réalise le pâtissier du patelin. Il produit une fameuse génoise. Mais ce gâteau, il préfère le déguster au bord de la piscine, accompagné d'un pétillant de raisin issu de la vigne de leur hôte. Une belle alliance.
La tonnelle fait office de palmiers, la roue du puits joue les réas des bateaux de plaisance. C'est là au cœur de ce MOT qu'il a posé sa valise, ses lunettes de soleil et son dictionnaire d'écrivain.
Il reprend sa lecture du plaidoyer d’Olympe de Gouges, rédigé avant sa comparution devant le Tribunal révolutionnaire : « Les Français, sans doute, n’ont pas oublié ce que j’ai fait de grand et d’utile pour la patrie ; j’ai vu depuis longtemps le péril imminent qui la menace, et j’ai voulu par un nouvel effort la servir. Le projet des trois urnes développé dans un placard, m’a paru le seul moyen de la sauver, et ce projet est le prétexte de ma détention. (…) À l’art 7 de la Constitution, la liberté des opinions et de la presse n’est-elle pas consacrée comme le plus précieux patrimoine de l’homme ?. »
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