Le métro de Véro
Un matin de novembre, seule sur l'asphalte du trottoir de la grande ville grouillante et hoquetante, elle va.
Affamée, la ville engloutit les passants par ses mille et une bouches béantes.
Jeanne se laisse emporter dans le flux de cette marée d'automates.
Ne pas penser, ne pas rêver juste marcher dans les longs tunnels. Et puis courir pour ne pas être en retard, pour ne pas entendre : « Vous n'avez pas d'excuse, tâchez d'être à l'heure demain sinon... ».
Dans sa course contre le temps, Jeanne entend puis écoute, Doum doum da – doum doum da, les percussions qui scandent sa foulée.
Elle coule son pas au rythme syncopé de tambours invisibles.
En avant dans sa course, son corps se fait mouvant, plus dansant, chaviré par les trilles des voix et des machines mélées.
L'air souffle en continu un sifflement épais.
Au loin, une sirène monte dans ses aigus grinçants et le chuintement du métro crisse sur les rails de sa rame imaginée.
Au fur et à mesure, l'orchestre s'enrichit de nouveaux bruits qu'elle arrange ou dérange au gré de son instinct.
Sa tête devient musique et son corps se balance au tempo endiablé d'une fugue en solitaire.
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 482 autres membres