Maridan-Gyres

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Atelier 1 - 2020 sujet 3

 

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 Illustration Karol BAK.

 

Seule, suspendue dans l’atmosphère d’un univers indéfini, je suis figée, je regarde sans voir et pourtant scintillent dans mon cœur des étincelles d’amour ou  ruissellent des larmes  dans tout mon être. Je n’ai pas de rêve, mais tourne, tourne dans ma tête un long métrage de ma vie antérieure et des émotions fulgurantes me traversent derrière ma froideur apparente.

 

Top Model d’une grande maison de couture, je descendais des escaliers aux multiples glaces ou marchais le long de podiums bordés de clients potentiels, de photographes, de journalistes, de personnalités de tous milieux, d’instagirls, et je faisais le show pour ces événements mondains…

 

J’étais « La Top des Tops » à la Une des magazines, enviée, jalousée, aimée, haïe, sacralisée, sublimée, adulée  ou insultée… et je vivais avec tout ça, tantôt déprimée tantôt  exaltée. Je ne connaissais que les hôtels 5 étoiles, les fontaines de champagne, les tapis rouges, les premières classes des avions, et les nuits sans étoiles.  J’ignorais le chant des oiseaux,  le vol des papillons, la douceur de la lune, l’ombre des arbres et les senteurs de fleurs… le soleil, la mer, ou la neige étaient des gadgets pour mes journées frivoles entre deux saisons de mode… parfois je perdais pied dans ce monde d’apparences et d’apparats et je sombrais dans les paradis artificielles… alors « ON » m’emmenait dans une clinique luxueuse me refaire une  santé et raviver ma beauté fatale… jusqu’au jour, où excédée par les poursuites de paparazzis j’ai franchi la ligne, pantelante de chagrin,  et j’ai tué l’un deux d’une balle dans la tête. Mon énième fiancé venait de me quitter pour la nouvelle « égérie » des couturiers de renom, j’avais le cœur brisé. Certes, je choisissais mal mes Princes charmants ou eux se trompaient sans doute de Belle au bois dormant.

 

Condamnée à la prison pour le reste de ma vie, j’ai préféré sauter du pont sur les rails du chemin de fer. Je suis morte pour le monde des humains… j’ai vu mon enveloppe charnelle se consumer. Pourtant je suis là…

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Entrée dans le grand tunnel blanc, j’ai flotté sur une sorte de nuage vaporeux, accueillie par un être diaphane, emmenée dans le sillage d’une lumière éclatante, j’ai senti un calme paradisiaque, puis, comme poussée par des mains invisibles, je suis revenue vers le tunnel  qui s’est effrité, et, après une chute vertigineuse, je me suis retrouvée  dans un monde de silence, dans une autre dimension, un monde parallèle, avec la tenue « mi ange mi démon » que je portais lors de ma  dernière parade.

 

Je suis  le produit d’une transformation dont l’origine m’échappe. Je ne sais pas si j’ai une mission, je ne sais que faire du temps… j’attends dans un présent qui s’éternise, je n’ai pas de futur.

 

Seule, suspendue dans l’atmosphère d’un univers indéfini, je suis figée, je regarde sans voir et pourtant scintillent dans mon cœur des étincelles d’amour ou  ruissellent des larmes  dans tout mon être… Je n’ai pas de rêve, mais tourne, tourne dans ma tête un long métrage de ma vie antérieure et des émotions fulgurantes me traversent derrière ma froideur apparente.

 

Clohe



20/01/2020
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