Maridan-Gyres

Le trou d’eau anti-stress.

Vous ne pouvez pas connaître l’endroit où je suis. Il n’est qu’à moi. C’est mon territoire, mon paradis. Déjà, pour y parvenir, il faut laisser sa bicyclette au bord de la route. Puis après quelques minutes de marche dans le sous-bois, il faut réussir la descente, glissante sur les feuilles mouillées, au risque de plonger au fond de ce trou d’eau, avec personne pour vous repêcher. J’y viens seul chaque dimanche matin. Accroupi au bord, méditant sur ma semaine, nul humain pour troubler la paix qui y règne, seul le vent dans les feuilles m’accompagne dans cette aération cérébrale. Je jette avec rage dans ce gouffre, toutes les  agressions de la semaine : la concurrence malsaine au meilleur poste entre collègues de bureaux,  la course aux chiffres sermonnée sans relâche dans mes oreilles, la peur à chaque intervention de ma cheffe, devant laquelle j’essaye de m’expliquer sans balbutier. Toute la semaine, le menton dans le guidon pour atteindre les objectifs sans voir l’essentiel, le vrai : la nature, l’amitié, l’amour. J’ai de la chance de connaître ce lieu, seuls des anges ont pu m’y guider. Je vous souhaite cette même bonne fortune.

Dorémi