Maridan-Gyres

L’oiseau s’est blessé, son aileron est cassé. Il a heurté violemment un véhicule  qui roulait à  toute allure dans cette rue sombre, en ce matin pluvieux  au brouillard dense d’un jour de novembre.

L’oiseau s’est réfugié près du sol dans l’encoche d’un muret.   

Son petit cœur palpite. Si un chat promène son fin museau par-là,  il risque bien la mort. Il espère qu’aucun félin furieux ne sera en chasse car il ne pourrait prendre son envol vers les hauteurs avoisinantes salvatrices.

Voilà une dame qui s’arrête, chargée de paquets, elle prend une pause, la pluie a cessé. 

Elle pose un sac au sol et ce faisant aperçoit l’oiseau.

D’un geste délicat elle le met au creux de sa main. Elle le rassure, lui parle à voix basse… peut-il comprendre ? Sans doute, le ton est si doux.

Elle le pose au-dessus de ses courses ayant pris soin  d’étaler son foulard pour le confort du petit blessé.

Elle marche vite jusqu’à sa maison et se dépêche de garnir une panière d’un doux tissu pour y installer l’oiseau.

Elle est toujours disposée à accueillir les oiseaux mal en point. Dans son jardin il y a une volière ouverte.

C’est merveilleux de voir comme ces petits compagnons ailés s’amusent.

C’est tout un petit monde effervescent de volètements, de sifflotements, de chants aux belles couleurs.

Ils vont et viennent à leur guise de la volière refuge à d’autres mondes…

Elle soigne son protégé avec grande attention plusieurs jours durant, le nourrit et l’abreuve.

Il se remet de sa blessure et commence à reprendre confiance. Il s’élance de la panière à l’armoire, du fauteuil à la lampe et évalue ainsi la qualité de son vol.

La soigneuse a terminé sa mission, elle le laisse rejoindre la volière ou d’autres espaces comme il lui plaira.

Ravie de ce sauvetage, elle se dit qu’il est temps de paresser  puis de lire pour la énième fois le « Bateau Ivre ». Elle s’enivre des mots de son poète préféré.

Clohe