Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 17 - 2019 - sujet 1

 

Sommeil

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Elle : Bonjour Docteur. Je vous prie de m’excuser pour cette intrusion intempestive à cette heure matinale et ce sans rendez-vous au préalable. Mais j’ai quelque chose de très important à vous dire …

 

Dr X : Bonjour Madame A. Est-ce ça va depuis hier ? J’ai juste dix minutes avant de recevoir mon premier patient de la journée. Je vous écoute.

 

Elle (parle vite) : Je n’ai jamais été aussi bien. Mais il faut que je vous en parle au cas où ça pourrait être utile à d’autres.

 

Dr X : Reprenez votre souffle. Respirez à fond. Allez-y. Je vous écoute …

 

Elle : J’ai été euphorique hier en quittant votre cabinet … à tel point que, une fois chez moi, j’ai appelé mes enfants pour tout leur raconter dans les moindres détails ce qui s’était réellement passé. Et comme ils étaient tous chez ma fille aînée pour les sept ans de mon dernier petit-fils, ils ont branché le haut-parleur.

 

Dr X : Hum …hum …

 

Elle : Pardon, Docteur. Je vais abréger. Jusqu’ici je me suis toujours gardée de leur raconter quoi que ce soit pour ne pas les inquiéter, eux qui habitent dans le Val de Marne à 800 kilomètres    d’ici… Ils ont déjà quoi faire avec leur propre charge mentale. Jongler sans cesse entre les heures consacrées à leurs familles avec de jeunes enfants et celles vouées à leurs activités professionnelles. Et ce n’est pas facile pour eux. (Elle boit à grandes gorgées d’eau le verre que lui offre le psychiatre). Voilà je leur ai tout raconté. Depuis la cognée de ma tête contre le réverbère jusqu’à l’apparition inquiétante des Voix. Et pardonnez-moi, je leur ai même décrit en détails votre superbe moustache… Vous savez quand je suis euphorique, je le suis à cent pour cent. Il faut dire que, hier, je l’étais vraiment. (Elle boit une autre gorgée d’eau). Je leur ai dit combien vous êtes un homme de cœur, plein d’empathie pour mes maux. Quelle chance pour moi que vous ayez accepté d’emblée de vous occuper de mon cas ! Lequel cas laisse souvent mes enfants – les pauvres ! - perplexes et bien dubitatifs. Il faut dire que leur mère n’a pas toujours sa tête bien vissée sur ses deux épaules… Enfin bref …

 

Dr X : Merci pour votre appréciation. Continuez mais plus lentement. Pensez à reprendre votre souffle.

 

Elle : Voilà ce qu’ils m’ont dit : « Maman, il n’est pas question que tu continues d’abuser de la gentillesse de ton psy. Il t’a offert les arriérés. Nous, on va se cotiser pour régler les prochains honoraires. On sera plus tranquilles de te savoir entre de si bonnes mains. Que tu puisses trouver un professionnel aussi compétent à qui parler, ça nous rassure. Tu es bien isolée dans ton Ermitage. Et puis, ce n’est pas toujours évident de pouvoir obtenir des soins d’une telle qualité. Ici, en région parisienne, il y a pléthore de psychiatres. Mais sont-ils bons ou non, ça c’est une autre question. Ne t’inquiète plus pour les prochaines consultations. On est là, Maman ». N’est ce pas formidable, Docteur. Quelle chance j’ai, d’avoir de tels enfants !

 

Dr X : Merci pour leur appréciation. Je fais mon possible, vous le savez bien …

 

Elle : Et en plus, vous êtes modeste, Docteur.

 

Dr X (lisse sa moustache) … Hum … hum.

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Elle : Il y a encore autre chose. Quelque chose de très important pour ma santé.

 

Dr X : Quelle chose ?

 

Elle : Du fait de mes derniers problèmes de sommeil, j’étais comme détenue dans une anxiété sans fin.

 

Dr X : Oui, vous m’avez déjà parlé de la récurrence de votre insomnie après le décès de votre époux. Ce qui hélas n’arrange rien quant à la bonne marche du deuil.

 

Elle : Figurez-vous que je viens d’apprendre quelque chose de fantastique. De quoi me tranquilliser pour de bon cette fois. Je n’ai plus besoin, dans ma chambre à coucher, de compter et de recompter les chèvres qui sautillent pour trouver le sommeil.

 

Dr X : Je suis intéressé de savoir, car nombre de mes patients souffrent, eux aussi, d’insomnie chronique.

 

Elle : Voici, Docteur, le texte (*) que j’ai imprimé pour vous et qui explique tout. Ce qu’il contient comme raisonnements pour combattre l’anxiété, ce fléau. Ce serait trop long de vous en parler ici… Je vois qu’Isabelle vient de vous avertir de l’impatience de votre patient. Lisez-le et vous me direz plus tard ce que vous en pensez…. Au revoir, Docteur, et merci infiniment pour tout. Je suis en train de revivre et à fond.

 

Elfina

Ermitage-sur-Lez

09/10/2019

 

(*) Ce texte est disponible sur demande à l’adresse mail suivante : tran.tpa@orange.fr



10/10/2019
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