Atelier 4 - 2023 - Sujet 1 - Atelier d'écriture gratuit

Atelier 4 - 2023 - Sujet 1

A supposer que j’aime la poésie.

A supposer que j’aime la poésie, j’écrirais volontiers des poèmes en me pliant de bon cœur aux règles des vers, des rimes, des pieds, réglementés comme les quatrains ou libres, selon l’humeur, faisant sonner les mots entre eux pour composer une symphonie vocale, puisqu’elle est plutôt destinée à être déclamée, contrairement à la prose destinée plutôt à être lue, la première s’adressant à un auditoire, avide à se laisser envahir par de la grande et belle musique orale, à apprécier la douce mélodie de la vocalise du verbe, et grâce à ce concert de rimes et de rythmes, à se laisser imprégner par la délicatesse des sentiments décrits par le poète, immergeant à satiété le cœur des auditeurs, à l’instar de j’ai le cœur de B de Ventadour*1, ou de les amours de P. de Ronsard*2, ou de pour Jeanne seule de V. Hugo*3 et tant d’autres grands musiciens des vers, la seconde se concevant plutôt dans l’intimité feutrée d’un salon, solitairement assis dans un fauteuil voltaire, au coin d’un âtre rougeoyant la pièce de ses ombres dansantes du sol au plafond, entraînant son lecteur dans de folles aventures fictives ou réelles, dans une histoire noire criminelle, dans un voyage autour du monde en 80 jours, dans l’Histoire avec un grand H ou dans un amour impossible, et oui, cher lecteur, tu as compris que je ne suis pas fan de poésie, sinon j’aurais écrit ce pensum en vers, pensum que je pense avoir enfin fini, écrit dans la contrainte de deux cents mots minimum, mais avec un plaisir certain je dois avouer, sachant, et maintenant tu me connais un peu, que je suis quelques fois espiègle et provocateur, et que tout ce que j’écris n’est pas forcément moi, comme le disait Michel Sardou lors de sa tournée d’adieu, ce qui, rassure toi, n’est pas mon cas, ma tournée d’écrivain ne faisant que commercer, je reviendrai t’asticoter en prose ou, méfie toi, peut être en vers, que, par ailleurs, je ne refuse jamais à écouter.