Atelier 4 – 2023 – Sujet 2
Au fond de cette glace, il y avait une femme seule, je m’en rendais bien compte, le divorce avait été consommé jusqu’à la dernière signature et me voilà quelques semaines après aussi libre que vide et avec une furieuse envie de décompresser un verre à la main.
Ce bar à l’ambiance tamisée me convient très bien. On habitait tout près de là avec Paul mais il n’a jamais daigné y mettre un pied, il n’aimait pas sortir, avec lui ça a été des années de de métro-boulot-silence-dodo, il avait su me charmer avec un sourire de rêve et des histoires incroyables, celle d’un homme qui a voyagé et vu beaucoup de choses, au début, c’était magique, on se voyait tout le temps, nos doigts s’entrelaçaient aisément et on passait beaucoup de temps à discuter, rire, sourire. Nos corps semblaient faits l’un pour l’autre, loin de l’image d’homme idéal, il savait être attentif à tout, il savait me procurer un plaisir intense et profond. Nous nous sommes mariés par un magnifique jour de juin, il était tellement beau, élégant, altier. Le bonheur a continué quelques années et puis ça s’est gentiment effrité, il n’y avait bientôt plus rien entre nous à part quelques miettes de romantisme et les cendres d’un amour déchu. On s’est perdus de vue en vivant ensemble et j’ai fini par demander le divorce, il n’a pas bronché, il est resté impassible.
Et me voilà aujourd’hui dans ce bar seule avec la ferme intention de me coller une caisse d’anthologie.
J’en suis à cette drôle de réflexion lorsque je vois un type s’approcher, un beau brun, il s’accoude au bar juste à côté de moi et je sens son odeur, un parfum profond et lancinant. Il a l’air assuré sans être arrogant.
- Bonjour, est ce que je pourrais vous offrir un verre ?
La formulation est simple, il a une belle voix grave.
- Et pourquoi pas.
Cela fait longtemps que je n’ai pas laissé un homme s’approcher, malgré le vide dans notre couple, je n’ai jamais osé tromper Paul, mais je ne vois pas pourquoi je ne m’ouvrirais pas aujourd’hui à certaines possibilités, après tout, je suis divorcée. J’avoue que l’alcool et le chagrin font également tomber certaines barrières.
Il commence tout doucement à m’ensorceler avec sa voix charmeuse, il a une présence magnétique. On parle de tout et de rien, il a ce côté gentilhomme un peu vieux jeu sans être trop macho. Pour un instant, j’oublie les mois passés, le chagrin et la tristesse. C’est un sentiment d’évasion particulier, spécial, je me sens libre d’avoir autant d’attention, cela me manquait.
Et puis je décide dans l’euphorie du moment de le ramener chez moi. Le flirt continue en chemin, on s’embrasse furtivement et je me sens faillir d’un coup avant d’arriver chez moi, je décide de m’enhardir et je l’invite à rentrer. C’est là que j’ai vu son regard changer.
- Tu as mis un peu de temps a sentir les possibilités de ce que je t’ai donné mais c’est pas grave, ça nous a permis de faire connaissance. Maintenant on va pouvoir s’amuser.
La suite est assez flou, probablement parce que trop horrible pour que ma mémoire décide de tout garder, mais je me souviens d’avoir été allongée de force et de le sentir inspirer et expirer comme un animal sauvage, je le voyais me cogner sans pouvoir crier ou me débattre, je le sentais jouer avec mon corps comme un enfant vicieux qui arrache les ailes d’une mouche, il ne m’a rien épargné et lorsque entièrement vidé de toute sa haine lubrique il m’a laissée la sur le sol couverte d’hématomes, le visage sanguinolent et l’entrejambe meurtri, il s’est permis d’ajouter :
- C’était sympa, on refait ça quand tu veux mais si tu peux m’épargner les pleurnicheries sur ta vie la prochaine fois, ça m’arrangerait.
Je suis restée là quelques heures allongées avant de me trainer péniblement à la salle de bain pour voir l’étendue des dégâts. J’ai mal partout. J’ai honte de m’être laisser berner. Je n’ai qu’une envie, c’est de revenir à l’ennui et à la paix de ma vie d’avant...
Arthur
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