Maridan-Gyres

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Atelier - 5 - 2019

Atelier N° 5 — Sujet n° 1 — Texte sur le racisme

 

Dessine-moi les couleurs de la tolérance

 

L’adulte (A) dit :

 

—     « La Terre est bleue comme une orange », le savais-tu ?

 

L’enfant (E) répond :

 

—     Qu’est-ce que cela veut dire ? Qui a écrit cela ?

 

L’adulte (A) :

 

—     Un sublime auteur, poète et écrivain, Louis Aragon. Un poème d’amour et de joie mais on pourrait tout aussi bien l’interpréter de la manière suivante : cela signifie que peut-être, les êtres qui la peuplent sont un arc en ciel de couleurs et qu’à eux tous ils forment le monde, qu’en penses-tu ? 

 

L’enfant (E) :

 

—     Je ne sais pas encore. J’attends que tu me racontes. Oh, s’il te plait, raconte-moi les couleurs. 

—     (A) Le rouge pour le paradoxe dont elle entoure le monde. Elle anime des sentiments passionnels en totale discordance : amour/haine ; courage/témérité ; ardeur/contradiction. Et pourtant, c’est ce qui fait que nous avons pleine conscience de nos actes et que nous réfléchissons.

—     (E) Moi, je réfléchis toujours avant de parler ou d’agir. Cela évite de dire ou faire des bêtises ou de blesser quelqu’un. Les mots ou les gestes peuvent faire très mal.

—     (A) L’orange, chaînon indispensable des feux tricolores qui rythment nos déplacements, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons. Il se montre toujours bienveillant puisqu’il est là pour nous avertir plutôt que nous sanctionner.

—     (E) Un peu comme un ange-gardien alors ?

—     (A) Le jaune lui, est plutôt mal vu. D’abord parce qu’il occupe presque 60 % de la population mondiale à lui tout seul. Ensuite, parce qu’il a tendance à ne pas toujours respecter les limites, cherchant à voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

—     (E) Oui c’est vrai, mais c’est aussi la couleur du poussin. C’est doux, c’est gentil un poussin.

—     (A) Le vert maintenant. C’est l’évocation de la nature, de la fraîcheur et de la liberté. Elle porte chance aussi avec le trèfle à quatre feuilles.

—     (E) Moi j’imagine des grandes prairies vertes, des arbres remplis de feuilles. Le racisme, ce serait une prairie d’herbe sèche, un arbre nu et rabougri.

—     (A) Que penses-tu du bleu? N’est-ce pas une couleur universelle, comme l’amour que l’on peut porter à autrui ? La mer, le ciel : deux éléments naturels qui font partie de notre quotidien et qui nous permettent d’élargir nos horizons.

—     (E) Oui, c’est vrai. Mais ils peuvent aussi se mettre très en colère, gronder, souffler s’ils se rendent compte que nous agissons mal.

—     L’indigo lui est plus mystérieux. Il ne se dévoile pas vraiment. Est-il proche du bleu ? Cousin du violet ? Une chose est sûre : là où il se situe dans l’arc-en-ciel, un peu en retrait, mais proche de la Terre il semble doué pour la perception, l’intuition et le discernement.

—     (E) Alors il est peut-être là pour nous aider à ne pas avoir peur des autres. À devenir ami avec quelqu’un de différent.

—     (A) Il nous reste le violet, en première ligne. Celui qui voit tout. C’est une couleur à double tranchant : on l’aime ou on ne l’aime pas !

—     (E) Ce n’est pas si simple la vie : on peut aussi aimer un peu, beaucoup, passionnément… De toute façon l’arc-en-ciel lui, il ne se pose pas la question. Quand il se forme, il affiche ses couleurs : les sept ensemble, bien serrées, comme quand on se donne la main pour faire une ronde. L’arc-en-ciel, c’est la Terre qui se donne la main.

 

© Ouvrez les Guillemets 63 – 20.02.19

 

Atelier N° 5 — Sujet n° 2 — Lipogramme sans T

 

Promenade bucolique hivernale 

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Étang Grand à Pulvérières (63) – Crédit photo Ouvrez les Guillemets 63

 

Une belle journée ensoleillée de février, Louise décide de se promener en bordure du plan d’eau du village de Pulvérières. Ce coin bucolique niché au cœur des Combrailles en Auvergne, l’apaise lorsqu’elle éprouve le besoin de s’isoler du monde effréné dans lequel elle évolue chaque jour. Le milieu de la bancassurance se révèle parfois difficile avec ses chiffres, les affaires, les bénéfices à produire.

 

Aujourd’hui, elle a besoin de calme, de douceur.

 

Elle laisse ses pas la conduire le long des rives de la pièce d’eau. Son regard embrasse la Chaîne des Puys si proche. Quelle vue magnifique ! Un équilibre absolu la gagne, l’absorbe. Soudain, le son mélodieux de la Bécassine des Marais résonne. Plus loin, elle discerne le Vanneau huppé accompagné du Balbuzard pêcheur. Une nuée de libellules s’approche comme pour la saluer puis s’en va voguer au-dessus de la surface irisée de morceaux de soleil. Elle a de la chance : un Foulque macroule se laisse admirer sans s’enfuir.

 

D’ordinaire, le lieu accueille d’innombrables promeneurs avides de verdure ainsi que de grand air. En ce jour de semaine, personne. Que Louise en compagnie d’une faune complice. Elle respire à pleins poumons, savoure avec délice la page de calme qu’elle a su s’imposer. Une pause en suspension dans un ciel sans nuage.

 

© Ouvrez les Guillemets 63 – 20.02.19

 

 

Atelier N° 5 — Sujet n° 3 — Pangramme

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Proposition 1 – Texte long

 

Paroles et musique

 

 « Alors que Bruno jouait de la Cornemuse Dans la salle de répétition, Elsa et Flore firent brusquement leur apparition. Généralement, il n’aimait pas être ainsi Heurté dans sa concentration. Il avait toujours du mal à se remobiliser après. Jusque-là tout du moins. Kaput, voilà comment il se retrouvait ! La reprise de ses esprits était compliquée. Mais ce jour-là, était-ce la lumière, si généreuse, son état d’esprit, plus léger ? Ni l’une ni l’autre. Ou peut-être les deux à la fois, il ne savait pas bien. Pour sûr il accueillit les deux jeunes filles de façon plus aimable.

 

—     « Quelle différence avec le Bruno habituel », murmura Flore. Rien à voir avec ses sautes d’humeur continuelles ».

 

Son amie acquiesça et se mit à sourire. Toutes les deux s’approchèrent de leur ami. Unique en son genre ce Bruno ; difficile à cerner ma foi. Véritable maestro de la musique, en solo ou en groupe en amateur. Webdesigner de profession, il excellait également dans la création d’outils multimédia pour promouvoir la formation dans laquelle il jouait. Xavier, le chanteur bassiste, l’aidait un peu. Y avait-il un domaine où il ne réussissait pas ? Zut ! Certainement pas et c’était bien énervant !

 

Proposition 2 – Texte court

 

Jeux t’M

 

 Anouchka et Billy Chantent Doucement, Enlacés et Fébriles. Ils sont Gais et Heureux d’Inventer un Joli Kaléidoscope Langoureux. Marier les Notes en des Octaves Pures, Quelle Rare Sensualité !

 

Trouver l’Unité, Valser ensuite sur du Wagner. Savourer enfin un verre de Xérès, les Yeux dans les yeux et Zapper ce qui n’est pas eux.

 

Proposition 3 – Texte encore plus court

 

Le vieux Philémon, assis sur la banquette du wagon gris et kaki, zyeute par la fenêtre les jolis zouaves colorés.

 

 

Atelier N°5 – Sujet n°4 – Ronde de mots

 

La fin justifie les moyens

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Irvin le Maléfique fit affréter son navire comme on arme une citadelle : avec moult canons et trébuchets portatifs. Il ne voulait pas risquer encore une fois de perdre la face devant Araxie la Vivace et son super-vaisseau l’Écumeur des Mers. Au départ de son repaire de l’Île écarlate, il revêtit son vêtement fétiche : une longue veste brune matelassée qui l’avait accompagné dans plusieurs attaques de piraterie. Il espérait bien trouver l’inspiration grâce à elle. Une nouvelle campagne commençait et il ne fallait pas la manquer.

 

Il passa ses troupes en revue et renvoya ceux qu’il considérait comme des invalides chez eux. Ceux qui avaient perdu un œil, une oreille ou une main.  Il fallait des ressources solides, non encore abîmées par les assauts répétés envers les bateaux civils ou commerciaux.  Son sceptre à tête de dragon à la main, il fit le tour du pont supérieur et se pencha par-dessus le bastingage. Un regard circulaire le laissa satisfait de son inspection et il donna le signal du départ.

 

Après quelques jours de navigation, son navire le Gibet écumant jeta l’ancre dans les eaux du Golfe de Carcanesse où croisaient obligatoirement les navires marchands. Quelle ne fut pas sa surprise de voir déboucher de nulle part l’Écumeur des Mers de sa pire ennemie. Il poussa un grognement lugubre tel un loup affamé une nuit de pleine lune. Il y avait là une impression de déjà-vu et il était bien décidé à prendre le dessus sur cette femme tigresse imprévisible qui l’avait ridiculisé auprès d’équipages rivaux. Croiser le fer avec elle ne lui faisait pas peur.

 

Chacun monta dans la vigie pour se toiser sans témoin environnant. Irvin le Maléfique ne pouvait pas nier que Araxie la Vivace exerçait sur lui un pouvoir d’attraction hors du commun. Quant à la pilleuse d’âmes, elle aimait par-dessus toute la force herculéenne de ce pirate hors-pair. Aussi, lorsque leurs regards se croisèrent, il se passa quelque chose d’extraordinaire : un éclair zébra le ciel azur en même temps qu’un coup de tonnerre éclata. Les deux pirates descendirent de leur vigie, ordonnèrent que leurs bateaux se mettent bord à bord et exigèrent de leurs équipages qu’ils disparaissent dans les cales.

 

Ce qu’ils se dirent ensuite n’est consigné nulle part.

 

© Ouvrez les Guillemets 63 – 20.02.19



24/02/2019
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