Maridan-Gyres

Il avait beau essayer de se raisonner, d'essayer de trouver une explication logique, mais il n'arrivait pas à se sortir cette idée de la tête. Mourault était un sale con, c'était un sale con et un boss minable. Il n'y avait aucune autre explication possible, refuser de traiter avec un client potentiel aussi important à cause d'un simple conflit d’intérêt, c'était de la pure connerie bureaucratique.

François était découragé, affalé sur son sofa, il ruminait sur l'incompétence de son entourage professionnel. Si seulement il était partenaire, il pourrait influer sur les décisions de la boite. On n'en était loin surtout si ce gros con de Mourault restait dans le paysage, pas sur qu'il pourrait supporter sa voix de chèvre en réunion. Ça devenait compliqué de conjuguer ambition et fidélité, il arrivait à l'âge d'or du pubard, pas assez vieux pour être hors sujet et suffisamment expérimenté pour faire trembler n'importe quel jeune loup qui sort de stage.

Il était régulièrement courtisé par d'autres boîtes de pub parisiennes. En même temps il avait réalisé pas mal de campagnes : Air France, SFR, Carrefour. Qui ne voudrait pas de lui alors qu'il tutoyait les dieux de la bourse, qu'il jouait au golf avec les plus gros portefeuilles et qu'il passait des nuits endiablées à séduire la jeunesse parisienne de tous bords.

Lui, le môme de la cave, fils d'une arpenteuse du pavé qui cachait son fils à chaque client qui passait chez eux.

Aucun ascenseur social pour lui, mais une fusée qui l’emmènerait le plus loin possible de la misère. On ne pouvait pas l’arrêter maintenant, pas avec un non de trouillard, un non de fiotte. Ne pas s'énerver, rester calme et avancer. On revient aux bases, dans ce cas là, il se versait un grand verre de whisky, une saloperie bon marché que devaient boire les clients de sa mère, le bon vieux calepin et les idées qui se couchaient d'elles mêmes sur le papier.

Arthur