Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 10/02/2015

Au cœur d'une forêt sans âge, assis majestueux sur son trône, le sage rend justice. Empereur à l’œil pers, il connaît de terribles secrets : reflets truqués d'un miroir trompeur, dés pipés, sombres complots, rien ne lui échappe et jamais il ne se trompe lorsqu'il rend son verdict.  Parcourant le monde, son fidèle  messager  glane cahin-caha  complaintes en fandango, complaisantes farandoles. Voyez ce jeune ménestrel qui s'en revient, sa frêle silhouette tremblant dans la brume du jour naissant. Fifre, tambourins galoubets l'accompagnent  et le vent vagabond délivrent les quelques notes.

 

«Sornette, billevesée, calembredaine».

 

En écoutant cela, le monarque tel un diable bondit  de son trône et se gratte la barbe. Pour la première fois, il n'en croit pas ses oreilles. Il regarde le ciel en fronçant le sourcil. Pour apaiser son courroux, le soleil se faufile entre  les ramures du chêne comme une pluie  tomberait en fines gouttes d'or.  Rien à faire.  À couteau tiré avec son valet,  il demande des preuves. Ne peut se résigner à ce qu'il vient d'entendre.  Il est inconcevable qu'Ouranos ait commis cet acte sans raison!

 

«Ménestrel, mon saute-ruisseau, j'ai toujours eu confiance en toi. Je n'ai jamais remis ta parole en doute. Mais ce que tu me chantes à présent, je ne sais qu'en penser.  À toi de me convaincre, si c'est le cas je devrai vaincre le chaos pour sûr!»

 

Ménestrel parcourt forêts, clairières et profondes vallées. Il scrute, sonde, chante pour endormir les esprits des aulnes malicieux et les diablesses ardentes des buissons. Mais nul ne lui répond.  Il continue son chemin, grimpe toujours plus haut vers les pics vertigineux. Les traces de ses pas s'effacent dans un blanc perpétuel où l'eau s'écoule à travers la glace et joue sa rhapsodie à contre-courant entre les failles, jusque dans les entrailles de la terre. Ménestrel écoute.  Dieu merci, il touche enfin au but et l'espoir de savoir point dans son âme vaillante.  Subitement,  il se met à neiger à gros flocons. Brouillard, blizzard, bourrasques,. Brrr.  C'est pas la joie. Ménestrel ne se méfie pas. Pour sûr, il voudrait  tirer sa révérence, mais les autres, les flocons, ne le lâchent pas. Saisit par le froid  il se retrouve prisonnier d'une avalanche, roule à toute allure ne distinguant plus sa tête de son postérieur. Tout va si vite et par un nouveau caprice de la météo, il pleut averse un vrai déluge.  Enfin, il atterrit. Quelle est cette citée gigantesque, où le ciel se gratte (gratte-ciel) où les autos se font des maux de bile (automobile) en éructant des gaz bien malodorants où les cheminées fument et crachent leurs grisailles.  Ménestrel  marche dans les rues sans fin, parmi les gens qui comme des fourmis s'engouffrent sous la terre. La terre gronde sous ses pieds une symphonie infernale ! Tout patraque, il est pris de nausée pourtant une lumière jaillit dans son esprit

           

«Pauvre vieux ciel ! Ses flatulences, ses crampes d'antan et sa gastro en chaîne, c'était pour prévenir d'un bien triste avenir.»

 

Maintenant, ménestrel est fixé. Il sait pourquoi ça s'est passé comme ça.

 

«Je suis  de plus en plus malade, tonne Ouranos, une crise de foie carabinée. Et je veux que cela cesse sinon je ne réponds de rien. Ce monde est indigeste et je saurai y mettre fin.»

 

Véro 10/02/2015



15/02/2015
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 482 autres membres