Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 5 - 2022 - sujet 3

Début de l'histoire :  1ère partie

suite : seconde partie

 

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…Je me détache de l’air accusateur de Misty et je retourne à mes rayonnages –

C’est charnel les couvertures des livres qu’elles soient rigides ou souples, en carton, tissu, cuir ou imprimées sur du papier, j’aime en suivre les contours, les explorer, les sentir, certaines vieilles éditions ont une odeur d’amande enivrante, je ne sais pourquoi. je les respire longuement,  parfois un brin de poussière me fait éternuer ce qui contrarie le sommeil de Misty, il passe sa tête sous le coussin. Le coussin est poilu. Misty a l’air d’un petit phoque échoué sur un sofa !

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je passe bien une heure perché à déplacer et replacer des ouvrages selon un ordre assez fantaisiste. Je dois dire, plutôt par thème, enfin, selon mes préférences, comme ça je les retrouve au feeling.

Ça énerve le vieux. C’est pas pratique pour lui, mais je m’en fous. De toutes façons il n’est jamais de bonne humeur.

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Je vois ruisseler la pluie  sur les vitres.

Je descends de mon échelle - Le vieux soupire – Misty ronfle doucement. Ça me fait rire.

je jette un œil vers la porte,  sur le trottoir les arbres décharnés de l’hiver gouttent, c’est triste.

La Belle au parapluie fleuri est peut être sur son canapé bien au chaud à boire un thé, un chat sur les genoux ?

Il fait presque nuit. Nous voilà en fin de journée. Il est temps de partir.

Le vieux me dit : « tache d’être là tôt demain, on livre des bouquins et moi je suis avec le comptable »

Je lui réponds que je serai là comme d’habitude, et il répond « c’est bien ce que je crains, donc pas en avance ! »

Je me tais , j’enfile mon imper, je le salue vite fait . Le rituel du rideau de fer à descendre et hop dans la rue.

Je n’ai pas envie de rentrer de suite. J’attrape un bus qui mène au centre ville – il est bondé vu la pluie – je m’arrête sur la place aux grandes statues aux coloris primaires – elles ont couté une fortune  à la ville - je les trouve hideuses - je rejoins le café où ma Belle inconnue, à la recherche d’un roman romantique, m’est apparue ce matin…

Je rentre un peu fébrile, mais personne ou plutôt des assoiffés bruyants et un couple tristounet.

 

Je m’installe quand même au fond de la salle et commande un café allongé. Je scrute la porte, je scrute la rue, pas un parapluie aux digitales pourpres, pas un chapeau jaune ocré, juste des silhouettes engoncées dans des vêtements dégoulinants qui pressent le pas.

Je me lève. Je laisse 2€ sur la table et je sors déçu. Sous l’abri de bus,  je roule une cigarette et craque une allumette, j’ai horreur des briquets… le voilà le bus, ses essuie-glaces s’agitent à vive allure et ses grosses roues font gicler l’eau dans la lumière des phares. On dirait une sorte de bête luminescente dans la  brume qui tombe sur le macadam - ma cigarette est trempée. Je la jette dans la poubelle en fer.

 

Je monte d’un saut – je reste debout - je m’agrippe à une barre - plein de parapluies mouillent le sol mais aucun de fleuri. On est à « touche touche » dans l’humidité ambiante – la buée a envahi toutes les vitres – sale temps !

 

Je rentre chez moi sans entrain.

Il me tarde d’être à demain, car peut être, mes Belles ré-apparaitront.

 

A une époque je m’étais entiché d’une fille que j’avais croisée sur un stade, elle préparait un marathon, je crois, elle avait une puissance et une énergie de dingue… Après l’entrainement, elle prenait  le même chemin que moi et je connaissais donc son parcours entre le stade et chez elle.

Je n’osais l’aborder.. Il m’est arrivé d’arpenter avec ardeur en pleine chaleur les ruelles avoisinantes en espérant la voir alors que je n’avais rien à faire dans ce quartier. J’avais 20 ans. Elle n’a jamais porté attention à moi, ni sur le stade ni nulle par ailleurs !  son indifférence resta constante,  j’ai déclaré forfait.

A 32 ans, j’ai le même sentiment de courir après des chimères. Quoique mes deux Belles, je les ai vraiment eues sous les yeux et plus que ça, nous avons parlé…certes elles n’ont pas paru empressées de me revoir, juste  troublées ou polies ?  mais peut être je pourrais élaborer un truc pas trop débile  pour les retrouver au lieu  de rester à la lisière des histoires…la  séduction sans action… c est mon fort !

Et dire que certains croient que je suis un tombeur.

En attendant, je grimpe mes étages. Je retrouve mon studio pas trop lumineux –des pigeons s’ébrouent au bord de la lucarne  de la kitchenette  et roucoulent.

Je pose mes souliers sur une serpillère - j’accroche mon imper au dessus du radiateur- j’ouvre le frigo, je trouve un reste de sandwich, tant mieux, et des frites pour le micro onde – sur le paquet c’est écrit « valeur nutritive  E »…tant pis. Je « mal bouffe » mais mon moral en profite.

Après ce repas assez piteux, j’ouvre mon ordi – je pars à la recherche de belles images, des tableaux de femmes, de sculptures, je me fais un catalogue d’illustrations pour décorer ce que j’écris. Hé oui, j’ai commencé une nouvelle et mes deux récentes inspiratrices à défaut de changer ma vie (pour l’instant) me donnent des idées. C’est bien pour ça qu’il faut absolument que je les revois.

J’ai envie d’écrire une histoire fantasque.

Il y aurait aussi le vieux et Misty…et moi ?

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« Chat m’intéresse » dirait Misty…le vieux se moquerait surement et moi qu’est ce que je veux vraiment ?

J’ai lu récemment une citation : «  l’avis des autres n’est jamais que la vie des autres », alors vas y garçon ! Arme toi de courage, lâche ta peur,   recherche tes Belles muses, lance toi sur le clavier, qui sait tu vas peut être épanouir ta tronche d’aide bibliothécaire dans un récit palpitant ?

 

Clohe

 



18/03/2022
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