Les auteurs de 2013 à 2020
Atelier 3 - 2025 - Sujet 5
Je m’arrêtai sur le seuil, tétanisé à l’idée de pousser cette lourde porte. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Moi, le scientifique renommé, le cartésien par excellence, m’apprêtais à entrer dans un cabinet de « littérature médicale ». Quelle blague franchement... Mais il fallait bien l’admettre, j’avais déjà tout essayé : mes économies avaient été perdues en recherches, j’avais supplié d’innombrables laboratoires de se pencher sur mon cas, harcelé les médecins les plus renommés, et tous les fabricants de la santé – ou pilleurs de porte-monnaie – qui m’avaient cruellement rejeté.
« Cas désespéré » avais-je entendu,
« Aucun dispositif ne pourra vous soigner », et mes espoirs s’étaient effondrés.
Je me tenais donc devant un écriteau fatigué sur lequel on distinguait à peine « Littér-happy ». Faisant taire ma voix intérieure dédaigneuse et refoulant mes racines rationnelles, je franchis le seuil dans un ultime pari.
Sam
Atelier 3 - 2025 - sujet 4
Je m’arrêtai sur le seuil, tétanisé à l’idée de pousser cette lourde porte. Qu’est-ce qui m’avais pris ? Moi, le scientifique renommé, le cartésien par excellence, m’apprêtai à entrer dans un cabinet de « littérature médicale ». Quelle blague franchement... Mais il fallait bien l’admettre, j’avais déjà tout essayé : mes économies avaient été perdues en recherches, j’avais supplié d’innombrables laboratoires de se pencher sur mon cas, harcelé les médecins les plus renommés, et tous les fabricants de la santé – ou pilleurs de porte-monnaie – m’avaient cruellement rejeté.
« Cas désespéré » avais-je entendu, «Aucun dispositif ne pourra vous soigner,» et mes espoirs s’étaient effondrés.
Je me tenais donc devant un écriteau fatigué sur lequel on distinguait à peine « Littér-happy ». Faisant taire ma voix intérieure dédaigneuse et refoulant mes racines rationnelles, je franchis le seuil dans un ultime pari.
Je fus soudain submergé par un flot de sensations bienveillantes et chaleureuses. Vue, odorat, touché, tous mes sens étaient assaillis par une tendresse à des années lumières des phrases rugueuses, âpres et tranchantes reçues ces derniers mois. Je ne saurais dire comment, mais aussitôt je me retrouvai une plume à la main, noircissant rageusement une surface lisse et pure posée devant moi. Un million de questions fusaient dans mon esprit, qui, comment, où, pourquoi, mais je les abandonnai aussitôt qu’elles apparaissaient et me plongeai tout entier dans l’écriture.
Longtemps je m’étais cru hors du commun, un esprit au-dessus de la moyenne, regardant de haut les autres membres de mon espèce. Aujourd’hui, je me débarrassais enfin de mes fardeaux, peine, haine, fierté, ils étaient tous restés au seuil de ce lieu fantastique.
Amertume, orgueil et colère fuirent devant les mondes inconnus et fabuleux qui m’appelaient. Tous mes maux enfin s’envolaient, mes chaînes se brisaient, et vers la liberté je m’évadai.
Sam
Atelier 1 - 2025 - Sujet 6
Avec l’ambition d’une douce mélodie,
Je suis ma plume qui me guide dans ce défi,
Lui intimant toutefois la vigilance :
« Evite toute négligence ! ».
Mais elle n’en fait qu’à sa tête
Et tant bien que mal je guette
Avec une immense attention
Les consonnes qu’accouche mon compagnon.
De mon index j’éloigne
Une faute et je soigne
Cette insolite symphonie,
Cette impensable cacophonie.
Ciel ! Finis-en enfin,
Jouis de cette fin
Et n’en ajoute plus
Tu commett.... rais une bévue !
Sam
Atelier 1 - 2025 - Sujet 2
Un regard à travers la fenêtre de la cuisine m’a suffi, la brume avait envahi la plaine et dérobait à mes yeux le majestueux Mont du Roc. Quelques minutes plus tard me voilà à son pied, prêt à reprendre aux nuages ce qu’ils m’ont volé.
Les arbres m’ouvrent un passage étroit et je m’enfonce dans cette forêt lugubre. Les branches dénudées pointent l’intrus qui trouble la tranquillité de ce lieu. Je n’entends que mon souffle et mes pas. Je ne sens que l’air glacial qui brûle mes poumons. Que le brouillard humide qui me pénètre jusqu’à l’os. Mais soudain tout s’éclaire, je m’extraie de cette foule oppressante de végétaux, les rayons du soleil réchauffent chaque parcelle de mon corps, et s’offre à mes yeux le spectacle tant attendu.
A quelques centaines de mètres plus haut se dresse le sommet du Mont, magnifique, resplendissant. Accompagné du Soleil, il domine toute la vallée noyée dans la brume et semble flotter sur cette mer de nuages, comme un navire voguant au gré du vent. Et je suis pour quelques minutes encore un marin heureux et léger, je m’imagine jeter l’ancre et jouir à jamais de cette liberté.
Sam
Atelier 1 - 2025 - Sujet 2
Un regard à travers la fenêtre de la cuisine m’a suffi, la brume avait envahi la plaine et dérobait à mes yeux le majestueux Mont du Roc. Quelques minutes plus tard me voilà à son pied, prêt à reprendre aux nuages ce qu’ils m’ont volé.
Les arbres m’ouvrent un passage étroit et je m’enfonce dans cette forêt lugubre. Les branches dénudées pointent l’intrus qui trouble la tranquillité de ce lieu. Je n’entends que mon souffle et mes pas. Je ne sens que l’air glacial qui brûle mes poumons. Que le brouillard humide qui me pénètre jusqu’à l’os. Mais soudain tout s’éclaire, je m’extraie de cette foule oppressante de végétaux, les rayons du soleil réchauffent chaque parcelle de mon corps, et s’offre à mes yeux le spectacle tant attendu.
A quelques centaines de mètres plus haut se dresse le sommet du Mont, magnifique, resplendissant.
Accompagné du Soleil, il domine toute la vallée noyée dans la brume et semble flotter sur cette mer de nuages, comme un navire voguant au gré du vent. Et je suis pour quelques minutes encore un marin heureux et léger, je m’imagine jeter l’ancre et jouir à jamais de cette liberté.
Sam
Atelier 13 - 2021 - sujet 3
Je me rapprochais d'une agence de voyage pour rejoindre et atteindre le cœur de l'homme de ma vie.
Le rendez-vous terminé me voilà mon billet de voyage attribué pour partir la semaine prochaine. Je pourrai en profiter pour écrire un article, justement mon boss m'a signifié un sujet à développer sur une usine de cacao et ses produits dérivés comme l'huile essentielle, le beurre de cacao, etc...
Par chance cela se trouve également en Afrique, de plus dans le même coin que mon âme sœur. Je me dis de suite : bon sang c'est l'occasion de me faire rembourser mon billet !
Je propose donc à mon futur homme de le prendre en covoiturage et de faire le voyage ensemble. Il accepte.
Le jour J arrive, je prends un raccourci pour arriver à l'aéroport, les bagages sont lourds. Dans l'avion, pas de chance, mon homme " Guy " n'est pas à côté de moi et de plus ma voisine est insupportable. Une fois sur place, Guy s'est rapproché de moi en voyant les couvertures, draps et vêtements que j'avais apportés pour aider son association humanitaire qui pourra les redistribuer aux plus nécessiteux.
Le feeling est bien passé , il m'a même accompagné à cette fameuse usine.
Lilou
Atelier 17 - 2020 - sujet 1
Enfin 2020 terminée, bonjour 2021 !
Même si elle arrive avec son cortège hérité de l’année précédente,
masques, distance, couvre feux, confinement, déconfinement...,
c’est avec plaisir que je l’accueille car elle est une année nouvelle,
singulière car chargée d’espoir avec la découverte de ce vaccin tant attendu
qui bottera les fesses à la Covid-19 et en ralentira son pas macabre !
Aussi c’est avec joie que je vous souhaite, à l’aube de cette nouvelle année
365 journées comblées de petits riens qui gonfleront votre cœur de bonheur,
365 sourires et plus qui illumineront vos visages,
365 rencontres et davantage encore qui vous enchanteront,
365 journées de fraternité et de sororité qui vous donneront des ailes,
365 jours de pur bonheur et de paix à partager.
Bonne année !
Marion Eidarp N° 6
Atelier 8 - 2020 - sujet 1b
Ô Mal ! Ô Grand désespoir !
Comment cesser cette chaîne sans fin ?
Ce sablier qui file entre nos mains !
On court après le temps, c’est dérisoire !
On oublie l’essentiel : CARPE DIEM….
On grandit avec son insouciance
On se projette au lendemain
On prend du recul, quand on y pense
« Haut comme trois pommes, on était bien ! »
C’est aussi un signe de sagesse
L’horloge tourne, qu’importe qui est-ce ?
Ce n’est pas une fatalité !
Prends-le comme une banalité !
L’aiguille au poignet, elle court
Saches qu’après toi, elle court toujours !
Sol35
Atelier 17 - 2020 - sujets 2 - 3 - 4
2ème sujet.
Le Père Noël termine 2020 en étant fortement agacé. Les préparatifs des fêtes n'ont pu se faire dans une rigueur rimant d'ordinaire avec bonheur, car tout un chacun fut confiné dans son habitat. Tous les êtres humains du monde connurent un 2020 les ayant bouleversés. Alors qu'espérer de 2021 ? Juste un changement avec la fin des perturbations sanitaires.
Cette brève missive qui n'en était pas moins chargée en informations, n'était pas sans donner espoirs à tous ses lecteurs d'une avancée vers une fraternelle remise en santé. Penser à sa famille et ses amis, voire à les voir en tenant ses distances, ne manquait pas de sentiments et d'égaler la valeur de tous les bijoux du monde. Ne restait au Père Noël qu'à faire pantomime de sa générosité, le fait étant qu'il n'était pas aisé de châtier son langage tout en supportant barbe et masque.
3ème sujet.
Anaphore "Si je pouvais"
Si je pouvais changer deux-mille-vingt, je mettrais un peu plus d'eau dans mon vin
Si je pouvais changer deux-mille-vingt, je garderais seulement les moments les plus divins
Si je pouvais changer deux-mille-vingt, je n'aurais eu mélancolie du ravin
Si je pouvais changer deux-mille-vingt, je n'oublierais pas de te dire : viens, je t'étreins
4ème sujet.
Epiphore "J'aimerais"
L'extermination de la Covid, j'aimerais.
L'anéantissement du ressenti parfois du vide, j'aimerais.
Être comme avant, si intrépide, j'aimerais.
De connaissances être toujours avide, j'aimerais.
Aussi écrire, à succès ou à en faire un bide, j'aimerais.
5ème sujet
Tu sais, même si le temps se grise ; de la vie tu peux te griser. Te griser de différentes manières, et pourquoi pas de projections.
N'oublie pas le vif caméléon qui se camoufle, et décide de tracer ta vie dans cet optique : si tu possèdes en toi les couleurs, projette les dans tout l'air environnant, et que la pluie les délave ou non ; au final une accumulation de couleurs vaut mieux qu'un gris tu l'auras.
Après la pluie vient le beau temps, et tu sauras que tu y as contribué. Ne pleure pas à la prochaine pluie, le mécanisme reste le même.
Projette, projette ce que tu aimes, projette du bonheur, projette du succès et c'est en fait, une pluie d'étincelles qui t'étreindra.
Marion EIDARP
Atelier 16 - 2020 - sujets 2 et 3
Sujet 2
Ne savons-nous pas que la beauté est subjective ?
L'on parle couramment de l'expression "voir la vie en rose". Rose ou turquoise, dans ses nuances, qu'importe ; avec cet espoir en ligne de mire tout nous parait alors plus beau. Mais la régularité d'un visage par exemple, lisse tel un coquetier, est-elle indispensable pour définir un agréable visu ?
Non, pensait Bastien quand, dans son atelier, il s'affairait à ses travaux de restauration de tableaux où, de chaleureux corps étaient bien abîmés par le temps. Voire, à certains moments, comme découpés du réel et de la luisance.
Le traitement de ces œuvres était la clef pour honorer les muses, régulières en beauté ou non. Et dès que s'achevaient toutes ses restaurations, il manquait à Bastien de la matière et il finissait par aller chiner une nouvelle inspiration en brocante.
Sujet 3
Des dindons dinant, dis donc ! Drôle de définition dans dictionnaire. D'où désir de dessin descriptif. Définir dindons dodus.
Marion Eidarp
Atelier 15 - 2020 - sujet 2
SOUVENIR
C'était il y a une cinquantaine d'années environ. J'avais débuté des études d'infirmière, non par vocation (mais influencée par un professeur qui nous enseignait le secrétariat médico-social), avec l'ignorance du métier et mue par un certain désir de soulager la souffrance humaine.
Mon premier stage en gériatrie était l'un des plus difficiles pour une débutante dans un hôpital du Nord de la France, avec des personnes grabataires en fin de vie, présentant des plaies, escarres, dues à leur position allongée en continu.
J'apprenais les soins peu ragoutants à prodiguer à des gens enfermés dans un halo de dénuement des plus fragiles, quand un professeur passant dans le service me regardant faire avec attention me dit "ce n'est pas facile dites moi !" (je garde encore en mémoire ces propos): j'avais juste l'envie de filer!!!
Ces «peaux» qui avaient sans doute connu la caresse et le baiser pensais-je. Certes ce docteur n'éprouvait pas de jalousie à mon égard de ne pas devoir effectuer les gestes là.... Dans son regard se lisait même de la reconnaissance. Ce genre d'étincelle avait eu le don de m'envoûter et me persuader d'avoir bien choisi ma voie.... Les hasards de la vie ont fait que j'ai dû abandonner ma profession, mais je garde ce souvenir avec amertume.
Brigitte
Atelier 16 - 2020 - sujet 4 image 3
La maladie d'amour
Les amants anonymes
Se protègent tous deux masqués
Leurs voiles couvrent leurs mines
Pourquoi veulent ils se cacher ?
En fait ils se protègent
Du COVID ils se méfient
Jamais leurs langues se mêlent
L'amour est un vrai défi !
On lutte pour la liberté
Certains peuvent aller bosser
Le masque bien attaché
Mais les autres, confinés !
La pauvreté s'amplifient,
Les riches capitalisent,
Dans la rue résonnent les cris,
De la foule qui agonise.
Arletta
Atelier 14 - 2020 - sujet 2
Depuis trop longtemps, il les mettait dans une situation compliquée.
Cinq ans déjà que ses infidélités répétées, ses déboires sentimentaux, ses frasques cachées avaient altéré leur complicité et abîmé la confiance qu'elle lui portait.
Insidieusement, il avait laissé sa frustration de mâle quarantenaire en mal d'une vie légère franchir le seuil de leur maison et son insatisfaction chronique éclabousser leur gai bonheur de vie de famille nombreuse.
Elle et lui avaient tout tenté, même fait un placement immobilier, qui la sécurisait et qui était un refuge pour la progéniture déboussolée qu'elle tentait de protéger.
Mais, leurs différents avaient dissous chaque tentative de retour au temps passé, au temps où, insouciante et naïve, elle pensait vivre le bonheur simple d'une famille aisée.
Ils avaient tenté de consulter un psychologue de couple. Mais le dialogue n'avait pu s'installer. Alors qu'elle lui reprochait maîtresses et chaudes escapades, il rétorquait que le ménage de la maison n'était pas assez bien fait !
Car oui, depuis qu'elle avait appris que son mari était un insatiable volage, écrivant par là-même la préface de leur douloureuse séparation, il s'était réfugié dans cette unique plainte, l'entretien de la maison. Ces échanges mensongers l'avaient blessée, comme des épées qui la transperçaient.
Elle savait que la propreté de la maison n'était qu'une inconsciente ruse, un moyen de partager cette faute trop lourde pour lui être exclusivement imputée. Ainsi, il n'était plus l'unique responsable de leur destruction programmée.
Elle savait surtout que son involontaire aveuglement à se focaliser sur ce fallacieux problème les empêchait de parler de ce qui consumait leur couple.
Elle, souveraine sur la maison et l'éducation de leurs enfants, avait durement lutté pour sauver ce mariage, si précieux à ses yeux. Elle avait crié, pleuré, menacé, pardonné, séduit à nouveau, surveillé, aimé encore, jalousé mais jamais, elle n'avait accepté. Car c'est ce qu'il voulait pour eux deux, lui, libre, libertin, désagréable à souhait et elle parfaite femme au foyer soumise et résignée.
Insensiblement, elle comprit que son combat était vain, que sa lutte se solderait irrémédiablement par leur rupture car contraindre son mari à la fidélité était contre-nature. Bien évidemment, elle ne pouvait pas le changer !
Ne lui disait-il pas que le mariage était une des plus grande escroquerie de l'histoire ? Qu'un «bon avocat» arriverait sans doute à faire disparaître cette institution millénaire en pointant ses clauses scandaleusement abusives?
Naïvement, elle avait pensé que peut-être, toutes ces difficultés étaient la conséquence du trèfle à quatre feuilles qu'elle s'était permis de jeter une fois fané. Méritait elle d'être si fortement condamnée pour son incrédulité face à cette superstition surannée?
Quoi qu'il en soit, un jour vint où elle prit cette décision forcée.
Un jour vint, à la faveur d'une nouvelle imposture, où sa colère fut si grande qu'elle partit déposer une demande de divorce auprès d'un avocat spécialisé.
Elle avait décidé de ne plus être une femme trompée. Elle avait décidé de ne plus avoir peur de sa situation de femme au foyer. Elle avait décidé de ne plus l'entendre dire qu'il ne l'avait jamais aimé.
Aujourd'hui?
Lui, seul, de temps en temps avec son amie, sa régulière comme il dit, entre deux périodes où celle-ci ne rompt pas avec lui.
Elle, seule, les enfants partis, triste de ces trente ans finis, tentant de reconstruire sa vie, dans l'espoir d'une nouvelle liberté chérie.
Myrtille
Atelier 12 - 2020 - sujet 4
L’homme du café
Je me rends dans un café après une balade dans la forêt. Je suis nouvelle, personne ne me connaît et inversement.
Un homme d’un certain âge vient vers moi, me sourit. On commence à discuter de tout et de rien, on se rend compte qu’on a beaucoup de points en commun, il aime la musique, l’écriture, ce sont les deux piliers de ma vie. Je ne peux pas vivre sans.
Puis il veut me raconter une histoire qui lui tient particulièrement à cœur, accordant beaucoup d’importance à la psychologie, et à l’expression de l’autre, j’accepte volontiers. Il faut dire, aussi, que j’adore écouter les histoires des autres.
« J’avais environ la cinquantaine, j’étais en voyage avec ma femme au pôle nord, nous adorions aller là où il fait froid.
Nous arrivions à notre igloo, déposions et rangions les affaires puis on visitait un peu les environs et nous croisions des personnes que nous voyions chaque année.
- Alors Fred, comment tu vas depuis tout ce temps ? Ça fait plaisir de vous voir ici ! Et vous, Véronica ?
- Oh, salut Martin, ça va super et toi ? C’est sûr, nous ne venons qu’annuellement, mais c’est toujours un vrai plaisir de venir ici, vous êtes tous si chaleureux ! Faut dire qu’avec l’entreprise que je gère et Véronica qui est très demandée dans son métier d’avocate, on ne prend pas beaucoup de vacances à l’étranger.
- Et toi Martin, comment tu vas ? Tu t’en sors avec ton bateau ? Toujours célibataire ?
- Moi ça va, merci, heureusement que les restaurants veulent encore de mes poissons parce-que les personnes d’ici, n’ont plus trop l’habitude d’aller chez nous directement. Depuis l’histoire de l’année dernière avec les pêcheurs qui importaient le poisson plutôt que de le pêcher eux même, les habitants sont devenus méfiants.
- Ah oui, et je tiens à rester célibataire ! Je fais ce que je veux et quand je veux, pas d’engueulade pour des broutilles, le bonheur quoi !
- Allez, je vais aller en mer maintenant, à bientôt !
Fred et Véronica, n’avaient même pas eu le temps de lui dire au revoir qu’il était déjà reparti sur son bateau.
Il m’expliqua qu’ils avaient l’habitude pendant leurs vacances d’aller à droite, à gauche, chacun de leur côté de façon à avoir des aventures à se raconter lors des repas et de la soirée.
Fred avait une passion pour la photo. Il aimait faire des photos de personnes, mais le plus souvent elles étaient tournées vers la nature (animaux, cascades, lacs).
Il était plutôt réservé et avait du mal à s’exprimer, il avait trouvé cette solution d’expression (entre autres), raison pour laquelle ses clichés pouvaient être sombres.
Quant à Véronica, elle aimait beaucoup faire de nouvelles connaissances, parler avec les personnes et les aider si elle le pouvait, car elle détestait voir des personnes souffrir et avait le don pour inspirer confiance et réussir à dire les choses franchement tout en y mettant les formes.
Elle avait ce pouvoir d’être capable d’écouter les gens, de les aider, mais sans absorber leur douleur. Elle savait trouver des solutions sans prendre les soucis des autres trop à cœur et sans laisser son cerveau y penser de façon trop présente.
Fred avait une autre passion qui était l’écriture, ou plutôt une sorte de thérapie. Cela lui faisait beaucoup de bien d’écrire, de mettre des mots sur ses maux.
Il le faisait très souvent avec des musiques dont le type variait en fonction de son humeur.
Dans ces moments-là, Véronica, savait qu’il ne fallait pas qu’elle le dérange, car c’était pour lui une façon de se retrouver avec lui-même et une interruption pouvait lui faire perdre le fil.
Ce n’était pas un couple qui parlait beaucoup, il n’était d’ailleurs pas rare que chacun soit dans la même pièce mais qu’on entende le « tic-tac » de la pendule. Véronica appréciait ces moments de calme même si parfois elle trouvait l’ambiance « trop calme. » Néanmoins, elle savait que c’était important pour Fred donc quand elle en avait assez, elle allait chez un voisin ou chez une copine.
Un jour, Martin se promenait sur un fleuve gelé et voulait casser la glace pour trouver des poissons rares qui vivaient en dessous, mais tout à coup, l’eau coula à nouveau et la glace fit des petits blocs. Fred le prit en photo voulant montrer la fonte et la renaissance de l’eau sous sa forme liquide. Il se dépêcha d’essayer de le secourir en voulant le rejoindre en se mettant sur un bloc de glace. En vain, il remarqua vite que son ami avançait de plus en plus vite, il comprit que le courant était plus fort là où il était. Il eut juste le temps de retrouver le sol (avant d’arriver au même point que son ami) qui malheureusement fut emporté par l’eau et noyé. On retrouva son corps 500 mètres plus loin.
Le soir, Véronica remarqua que Fred n’était pas bien et lui demanda ce qui n’allait pas, mais il n’arrivait pas à parler car il était choqué. Il ne parla pas pendant plusieurs jours.
Véronica avait organisé leur retour chez eux, Fred développa la photo de son ami quelques minutes avant sa disparition, la montra à sa femme et lui dit :
‘’Tu vois, cette photo, je l’ai prise quelques minutes à peine avant que Martin disparaisse’’ et il lui expliqua qu’il avait essayé de le secourir en vain. Ses larmes se déversèrent sur ses joues. Sa femme essaya de le consoler, mais c’était très dur, il en souffrait beaucoup et aujourd’hui encore.
Je pleurais aussi en écoutant cette histoire, car elle me touchait beaucoup. Il me demanda si je voulais voir la photo, j’acceptai en hochant la tête, c’était celle-ci :
Il me dit qu’il gardait toujours cette photo sur lui, mais que malheureusement, sa femme l’avait quitté car il n’arrivait pas à s’en remettre et ça la peinait de trop.
Je le remerciais de sa confiance envers moi, le pris dans mes bras. Je remarquais vite, que cela nous faisait du bien à tous les deux, on se sentait en sécurité et la tendresse physique nous manquait suite à notre vécu.
Je le vois très souvent, souvent on ne parle pas beaucoup, mais on se comprend et jamais (j’espère) on ne se perdra de vue, on ne se fâche jamais (quand on a mal pris quelque chose, on se l’écrit et on s’explique, cela évite beaucoup de « colère inutile »), et on communique aussi beaucoup par lettres, il est plus à l’aise de cette façon et moi aussi, on n’est pas confronté au stress que l’on peut avoir quand on est face à quelqu’un et cela évite de créer des quiproquos puisque l’on a le temps de formuler nos phrases sans nous dire qu’il faut qu’on réponde dans la minute.
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